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09/10/2010
Johann Sebastian Bach : Cantates BWV 140 «Wachet auf, ruft uns die Stimme» (+), BWV 61 «Nun komm, der Heiden Heiland» (*) et BWV 29 «Wir danken dir, Gott, wir danken dir» (#)

CD n° 1: Julia Kleiter (+), Christine Schäfer (* #) (sopranos), Bernarda Fink (#) (alto), Werner Güra (* #), Kurt Streit (+) (ténors), Christian Gerhaher (#) (baryton), Gerald Finley (*), Anton Scharinger (+) (basses), Arnold Schoenberg Chor, CD n° 2: Alan Bergius (+), Seppi Kronwitter (*), Soliste des Wiener Sängerknaben (#) (sopranos), Paul Esswood (#) (contre-ténor), Kurt Equiluz (+ * #) (ténor), Thomas Hampson (+), Ruud van der Meer (*), Max van Egmond (#) (basses), Tölzer Knabenchor (+ *), Wiener Sängerknaben (#), Concentus Musicus Wien, Nikolaus Harnoncourt (direction)
Enregistré à Vienne (1973-1974 [+], 1976 [*] et 1984 [+]/CD 2; 8-9 décembre 2006 [*], 13-14 janvier 2007 [#] et 15-16 décembre 2007 [+]/CD 1) – 130’14
Album de deux disques Deutsche Harmonia Mundi 88697567942 (distribué par Sony Music) – Notice et entretien avec Nikolaus Harnoncourt bilingues (allemand et anglais) de Benjamin-Gunnar Cohrs





«Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse, Et ne vous piquez point d’une folle vitesse (…) Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, Polissez-le sans cesse et le repolissez, Ajoutez quelquefois, et souvent effacez...» écrivait Nicolas Boileau (1636-1711) dans l’Art poétique. Force est de constater que nombre de grands interprètes ont eu à cœur de respecter ce précepte en matière de musique classique, enregistrant à plusieurs reprises une œuvre qui leur est particulièrement chère, occasion pour le mélomane d’écouter les différences interprétatives qu’il peut glaner ici ou là. Le grand Nikolaus Harnoncourt n’échappe pas à la règle, retravaillant sans cesse l’œuvre de celui qui l’a toujours accompagné depuis ses débuts de musicien, Johann Sebastian Bach (1685-1750). Même s’il a considérablement élargi son répertoire au fil des années, la fidélité musicale manifestée par Harnoncourt à l’égard de l’œuvre du Cantor ne s’est jamais démentie: preuve éclatante avec quelques enregistrements récents confrontés aux premières gravures réalisées par Harnoncourt et les siens.


La Cantate BWV 140 «Wachet auf, ruft uns die Stimme» («Réveillez-vous, la voix nous appelle»), créée le 25 novembre 1731, est peut-être une des plus belles qui soient dans la monumentale œuvre religieuse de Bach grâce, notamment, à un chœur introductif de toute beauté qui allie dans une plénitude sonore totalement apaisée voix et instruments d’exception (notamment un hautbois da caccia). D’emblée, l’auditeur comprend que tout est là: équilibre, maîtrise, message donné au fidèle... Le chœur Arnold Schoenberg, vieux compagnon de route du chef, est indéniablement toujours un des meilleurs ensembles qui soient dans ce type de répertoire. La cantate offre ensuite un magnifique duo entre la soprano et la basse (excellents Julia Kleiter et Anton Scharinger), tous deux accompagnés par l’irréprochable violon solo de Erich Hörbacht avant que l’air célébrissime «Zion hört die Wächter singen» (le fameux «Choral du veilleur») ne fasse là aussi merveille. L’écoute de la version plus ancienne gravée par Harnoncourt en 1984 est souvent cruelle pour cette dernière (encore que, soyons honnête, on se situe à un niveau toujours excellent!) qui apparaît plus apprêtée: le travail musicologique se sent trop et confère un côté quelque peu artificiel à la cantate. Notons également que le Tölzer Knabenchor a remplacé le chœur Arnold Schoenberg: sans en nier ni les talents ni l’implication, force est de constater que sa justesse fait parfois grincer l’oreille (notamment dans le chœur introductif «Wachet auf, ruft uns die Stimme»). Enfin, le duo entre la basse (Thomas Hampson) et le soprano (le jeune Alan Bergius) fonctionne moins bien que dans la gravure de 2007 où l’on entend avec raison davantage un dialogue que la juxtaposition de deux discours.


On est ensuite frappé par la sécheresse du chœur «Nun komm, der Heiden Heiland» qui inaugure la cantate BWV 61, composée pour le premier dimanche de l’Avent (précisons que deux autres cantates ont été composées pour cette occasion, les cantates BWV 36 «Schwingt freudig euch empor» et BWV 61«Nun komm, der Heiden Heiland») et interprétée pour la première fois le 2 décembre 1714 à Weimar. Kurt Equiluz chante ensuite avec une belle implication son air «Komm, Jesu, komm zu deiner Kirche»: on aurait peut-être aimé davantage de joie dans la voix, le message se félicitant en effet que le Seigneur revienne sur terre. Dans sa version la plus récente, Nikolaus Harnoncourt fait preuve de davantage de retenue, ses tempi étant généralement plus larges, les interprètes manifestant également une confortable sûreté dans leurs diverses interventions: à cet égard, la première intervention du chœur Arnold Schoenberg est très révélatrice! Par ailleurs, on trouve enfin le climat souhaité dans le «Komm, Jesu, komm zu deiner Kirche»: de la joie, de l’appétence et de la ferveur... Christine Schäfer est, en revanche, un peu moins convaincante, sa diction manquant parfois de clarté.


La dernière des trois cantates présentées ici est également célèbre, en raison notamment de sa riche ornementation orchestrale. La Cantate BWV 29 «Wir danken dir, Gott, wir danken dir» quitte le domaine strictement religieux puisque, créée le 27 août 1731, elle a été composée par Bach pour l’inauguration du nouvel hôtel de ville de Leipzig. Commençons par la version la plus ancienne, qui date de 1974. L’introduction orchestrale, alliant cordes, trompettes, timbales et orgue, est chatoyante, Harnoncourt dirigeant avec enthousiasme cette page qui précède de peu le magnifique chœur «Wir danken dir, Gott, wir danken dir». Les chanteurs des Wiener Sängerknaben déclament leur discours de manière plus ronde, plus étoffée que le Tölzer Knabenchor, allant ainsi davantage dans la pompe que leurs jeunes confrères. Les solistes sont également plus à leur aise, qu’il s’agisse de Kurt Equiluz ou, surtout, de l’excellent Paul Esswood dans une aria malheureusement trop brève. Dans sa gravure du début de l’année 2007, Nikolaus Harnoncourt a considérablement allégé le discours, n’étant lui-même peut-être pas insensible aux options prises par d’autres grands interprètes de ce répertoire. C’est également ce que l’on pense lorsque le violon solo commence à jouer dans l’aria «Halleluja, Stärke und Macht», sautillant presque de note en note, au diapason du ténor Werner Güra. Là encore, Christine Schäfer, que l’on a connue plus inspirée, adopte trop souvent un ton assez dur dans ses attaques et parfois étriqué dans l’émission; en revanche, Bernarda Fink est, une fois encore, impériale dans la brève aria «Halleluja».


Alors? Que choisir? Que préférer? Incontestablement, les versions les plus récentes l’emportent sur leurs devancières du strict point de vue orchestral, le chœur Arnold Schoenberg se montrant également supérieur lors de chacune de ses interventions. Quant aux solistes, en dépit d’une soprano parfois en deçà, les gravures de 2004 et 2007 sont également préférables, ce qui n’enlève naturellement rien aux versions précédentes puisées dans la monumentale intégrale signée par Harnoncourt et Leonhardt qui avait initialement paru chez Teldec.


Le site de Nikolaus Harnoncourt
Le site de Christine Schäfer
Le site de Kurt Streit
Le site de Gérald Finley
Le site de Christian Gerhaher
Le site de Thomas Hampson
Le site de Paul Esswood
Le site de Max van Egmond
Le site du Tölzer Knabenchor
Le site des Wiener Sängerknaben
Le site du Chœur Arnold Schoenberg


Sébastien Gauthier

 

 

 

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