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08/14/2010
«Between heaven and earth»
Georg Friedrich Händel : La Resurrezione, HWV 47: «Disserratevi, o porte d’Averno» – Theodora, HWV 68: Récitatif et air «With darkness deep as is my woe» – A Song for Saint Cecilia’s Day, HWV 76: «What passion cannot Music raise and quell» – Messiah, HWV 56: «Rejoice greatly» – Theodora, HWV 68: Largo – Alexander Balus, Air «O take me from this hateful light» et récitatif et air «Convey me to some peaceful shore – Joseph and his brethren, HWV 59: Récitatif et aria «Prophetic raptures swell my breast» – L’Allegro, il Penseroso, ed il Moderato, HWV 55: Duo «As steals the morn upon the night» et air «Sweet bird» – Salomon, HWV 67: Arrivée de la reine de Saba – Concerto grosso, opus 3 n° 2, HWV 313: Largo – Samson, HWV 57: «Let the bright seraphims» – Il trionfo del tempo e del disinganno, HWV 46a: «Tu del Ciel ministro eletto»

Sandrine Piau (soprano), Topi Lehtipuu (ténor), Accademia bizantina, Stefano Montanari (premier violon et direction)
Enregistré en l’église San Girolamo de Bagnacavallo, Italie (décembre 2008) – 77’
Naïve OP 30484 – Notice et traduction des textes chantés bilingues (français et anglais) de Philippe Gelinaud





C’est à un véritable voyage à travers l’univers des œuvres sacrées, et plus particulièrement, des oratorios, de Georg Friedrich Händel (1685-1759) que nous convie ici Sandrine Piau. Excellente interprète du répertoire baroque, adepte des opéras de Vivaldi aussi bien que ceux de Händel, elle choisit de nous présenter, dans ce disque, les incontestables affinités qu’elle entretient avec une autre partie de l’œuvre du grand compositeur saxon. Et, contrairement à la couverture quelque peu diaphane de ce disque, quelle chaleur dans l’interprétation!


Débutant par le premier grand oratorio de Händel, La Resurrezione, composé en 1708 alors que le jeune Saxon était encore en Italie, Sandrine Piau fait immédiatement montre de superbes qualités techniques dans une aria célèbre, enrichie par les sonorités éclatantes des trompettes et des hautbois issus de la virtuose Accademia bizantina. Place ensuite à la douce Theodora, héroïne de l’oratorio du même nom qui fut représenté pour la première fois en mars 1750 et qui reste un des plus grands échecs de Händel. Dans l’aria «With darkness deep as is my woe», Sandrine Piau se fait tour à tour intimiste et plaintive, se montrant convaincante à chaque note. On signalera également les admirables talents d’orchestrateur de Händel qui, au travers du bref Largo donné sur ce disque, explosent en dépit d’une évidente économie de moyens orchestraux.


Après un bref extrait du Messie (mars 1741), Piau choisit de défendre Alexander Balus, mal aimé parmi les oratorios de Händel. Pourtant, le personnage méritait de retenir l’attention: roi syrien, traître à sa patrie, amoureux de la reine égyptienne Cléopâtre, tué par ses propres troupes, Alexander Balus avait tout pour devenir le sujet d’une épopée comme les aimaient les compositeurs baroques. Créé en 1748, il est pourtant rapidement tombé dans l’oubli. Dans son premier air, «O take me from this hateful light», Sandrine Piau incarne Cléopâtre: autant dire qu’elle est d’une justesse absolue, trahissant la moindre émotion, encore une fois merveilleusement accompagnée par la douce direction de Stefano Montanari. Il en va de même dans l’air sublime «Convey me to some peaceful shore», où l’arrogante reine égyptienne est ici totalement désespérée, au bord de l’épuisement émotionnel: quelle orchestration! Quelle profusion de sentiments naît à l’écoute de ce passage de moins de trois minutes! Autre redécouverte, l’oratorio Joseph and his brethren (Joseph et ses frères) (1744), construit sur un livret insipide du révérend James Miller. L’aria chantée ici, d’une tonalité particulièrement claire et optimiste, est interprétée avec une grande agilité par Sandrine Piau qui lui instille quelques accents italianisants.


C’est ensuite à un duo que Sandrine Piau et Topi Lehtipuu nous convient, dans un extrait de l’oratorio L’Allegro, Il Penseroso, ed il Moderato (février 1740), d’une tout autre envergure et qualité musicale que les deux précédents opus. La connivence entre les deux chanteurs, qui forment un parfait reflet du non moindre charmant duo entre le hautbois et le basson, l’intelligence de la diction sont splendides (l’entrée de Lehtipuu!) et portent cet oratorio au sommet. On rêve d’une intégrale avec ces deux protagonistes d’autant que Sandrine Piau récidive dans l’aria «Sweet bird», toute en séduction renforcée par le jeu du flutiste Marcello Gatti. Autre monument au sein des oratorios de Georg Friedrich Händel, Samson (1743) dont le succès ne s’est jamais démenti depuis sa création. L’aria «Let the bright seraphims», brillante et dotée d’une incroyable plénitude sonore, pousse au plus haut degré le dialogue qui pouvait exister à l’ère baroque entre la voix et la trompette (comme chez Scarlatti ou dans certaines œuvres de Vivaldi). Sandrine Piau s’y montre encore une fois pleinement convaincante. Enfin, elle brille une dernière fois dans la très subtile aria tirée de Il trionfo del tempo e del disinganno, oratorio de jeunesse (1707) que Händel remania en 1737 et, même, en 1757, preuve sans doute de l’attachement qu’il lui portait.


Les extraits purement orchestraux (notamment une trop rapide «Arrivée de la reine de Saba» qu’on oubliera au profit des toujours aussi splendides Gardiner ou Marriner) sont un peu en-deçà du reste d’un disque qu’il convient, indéniablement, de saluer tant Sandrine Piau (elle l’a montré en interprétant magnifiquement le rôle de Cléopâtre dans Giulio Cesare in Egitto sur la scène de la salle Pleyel) prouve ses indéniables affinités avec le grand Händel. Chapeau bas!


Le site de l’Academia Bizantina


Sébastien Gauthier

 

 

 

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