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08/05/2010
Joseph Haydn : Die Jahreszeiten, Hob. XXI:3

Ruth Ziesak (Hanne), Robert Gambill (Lukas), Alfred Muff (Simon), Chor des Bayerischen Rundfunks, Michael Gläser (chef de chœur), Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Wolfgang Sawallisch (direction)
Enregistré en public en l’église de Marienmünster, Munich (31 juillet 1994) – 129’19
Album de deux disques Profil Hänssler PH 07020 (distribué par Intégral) – Notice et traduction des textes chantés bilingues (allemand et anglais) de Wolfgang Teubner





Hommage soit rendu au baron Gottfried van Swieten (1734-1803), diplomate, mécène, ami des musiciens et des artistes en général, sans qui l’oratorio Die Jahreszeiten n’aurait sans doute jamais vu le jour. En effet, c’est lui qui persuada Joseph Haydn (1732-1809) de mettre en musique le poème de l’écossais James Thomson qui, datant de 1726, fut profondément remanié par le baron lui-même. C’est lui qui – mais était-ce nécessaire? – dispensa force conseils musicaux au compositeur et suggéra diverses trouvailles (notamment celles visant à parfaitement imiter les différents bruits de la nature). C’est enfin lui qui, avec d’autres amis aristocrates influents (on relèvera les noms de princes Lobkowitz, Auersberg, Lichnowsky ou des comtes Apponyi et Erdödy), permit à Haydn de créer ce nouvel oratorio le 24 avril 1801. Succès phénoménal comme le rapporte un observateur lors de l’audition qui a été donnée à Vienne un mois après la création: «Recueillement muet, étonnement et bruyant enthousiasme se partageaient les auditeurs; car la puissante irruption d’images colossales, la plénitude infinie d’idées heureuses surprenaient et dépassaient l’imagination la plus hardie».


Grand spécialiste du répertoire germanique, interprète avisé de Schumann et des œuvres chorales de Schubert, Wolfgang Sawallisch livre ici une interprétation dominée par l’emphase qui s’avère aujourd’hui quelque peu datée. Dès les premiers accords du «Printemps», le ton se veut martial: dirigeant un très bel orchestre où s’illustrent aussi bien la finesse des cordes que la précision des bois, Sawallisch impose d’emblée un ton très religieux où le climat bucolique et la joie des paysans (que l’on doit notamment entendre dans le chœur «Komm, holder Lenz») n’ont visiblement pas leur place. Cette légèreté, si elle transparaît dans l’orchestration, ne touche pas davantage les solistes: ainsi dans son aria «Schon eilet froh der Ackersmann», Alfred Muff a quelque peu tendance à confondre le paysan Simon avec Adam ou Raphaël dans La Création. Après le superbe chœur «Ewiger, mächtiger, gütiger Gott» (où s’illustre la très belle voix de Ruth Ziesak, alors encore peu connue), Wolfgang Sawallisch aborde avec davantage d’élan «L’Été», partie de l’oratorio où les climats sont peut-être les plus différenciés. Là encore, c’est la soprano qui s’en tire avec les honneurs, notamment dans son aria «Welche Labung für die Sinne», les voix masculines étant davantage empruntées.


Ces dernières s’améliorent quelque peu dans «L’Automne». Ainsi, en dépit d’un tempo une fois encore retenu, le dialogue entre Hanne et Lukas («Ihr Schönen aus der Stadt, kommt her!») reflète avec une grande délicatesse la joie de vivre de jeunes paysans qui ne pensent qu’à leur félicité et à celle du monde qui les entoure. Robert Gambill s’avère ici des plus convaincants. Tel n’est en revanche pas le cas des chœurs mais la faute revient surtout à Wolfgang Sawallisch qui dirige systématiquement trop lentement, gommant ainsi l’enthousiasme que doivent avoir aussi bien les chasseurs (dans le célèbre ensemble «Hört, hört, das laute Getön», handicapé au surplus par des cors dont la noblesse de jeu est ici totalement hors de propos) que les vignerons (dans le chœur non moins célèbre «Juchhe! Der Wein ist da»): aucune folie, aucun débordement, aucune joie... «L’Hiver» est à l’image des saisons précédentes: sage, trop sage. Outre quelques difficultés d’émission, Gambill étant parfois à la peine dans son aria «Hier steht der Wand’rer nun», la pesanteur est de nouveau présente dans le duo pourtant plein de tourbillons (entre la soprano et les chœurs) «Knurre, schnurre, knurre»: plus qu’un rouet, c’est l’image d’un lourd moulin à eau qui vient à l’esprit. Enfin, alors qu’elle devrait être cabotine et que son chant devrait jouer avec le chœur dans la célèbre histoire de la jeune fille aimée du gentilhomme («Ein Mädchen, das auf Ehre hielt»), Ruth Ziesak ne fait que chanter avec probité une partition comme une autre.


On passera donc rapidement sur cette nouvelle gravure des Saisons, retournant sans hésitation chez Böhm (pour une interprétation traditionnelle chez Deutsche Grammophon), chez Harnoncourt (Deutsche Harmonia Mundi), Jacobs (Harmonia Mundi) et surtout Gardiner (Archiv Produktion) pour une version sur instruments d’époque.


Sébastien Gauthier

 

 

 

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