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07/26/2010
Carl Philipp Emanuel Bach : Double concerto pour clavecin et pianoforte en mi bémol majeur, H.479 (§) – Concerto pour orgue en sol majeur, H.444 (§) – Sonatine pour deux clavecins et orchestre en ré majeur, H.453 (§ *) – Concertos pour hautbois en si bémol majeur, H.466, en la mineur, H.431, et en mi bémol majeur, H.468 (+)

Richard Fuller (pianoforte), Ingomar Rainer (*) (clavecin), Wiener Akademie, Martin Haselböck (clavecin, orgue et direction) (§), English Chamber Orchestra, Thomas Indermühle (hautbois et direction) (+)
Lieu et dates d’enregistrement non précisés – 117’32
Album de deux disques Novalis Classics 150.721-2 (distribué par Intégral) – Notice (brève) en anglais






Né en 1714 à Weimar, Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788) est le cinquième des sept enfants que Johann Sebastian Bach eut avec sa première femme, Maria Barbara. Après avoir entamé de solides études juridiques, il embrassa une brillante carrière de musicien en travaillant à Francfort-sur-l’Oder de 1734 à 1738, année décisive où il entre au service du futur Frédéric II de Prusse. Il restera à ses côtés, à Berlin ou à Postdam, jusqu’en 1768, date à laquelle il part à Hambourg où il finira ses jours. Auteur d’une œuvre prolifique, ayant embrassé tous les genres musicaux de l’époque (pièces instrumentales, notamment pour le clavier, concertos, symphonies, oratorios, ...) à l’exception de l’opéra, il apparaît aujourd’hui comme le fils le plus doué du Cantor.


Les deux disques présentés ici offrent un beau panorama de Carl Philipp Emanuel comme auteur de concertos. Les concertos pour clavecin occupent la majeure partie de ce pan musical puisqu’on n’en dénombre pas moins de soixante-dix-sept (répertoriés sous les numéros H.403 à H.479) même s’il faut, il est vrai, distinguer les concertos initialement dévolus au clavecin qui ont ensuite été adaptés pour d’autres instruments (orgue, hautbois, flûte) et les concertos qui, tout en restant destinés au clavecin, ont fait l’objet de révisions ultérieures. La première œuvre jouée ici est une des plus connues de Carl Philipp Emanuel Bach puisqu’il s’agit de son dernier concerto, le Double concerto pour clavecin et pianoforte, composé en 1788. Requérant un orchestre étoffé (cordes mais aussi deux flûtes et deux cors), il symbolise la position chronologique du fils Bach, un pied dans l’époque baroque (d’où l’intervention du clavecin), un pied dans l’époque classique (où le pianoforte commence à prendre de l’ampleur). Là réside le grand intérêt du concerto, dans cette opposition entre deux sonorités particulières, qui s’inspire de thèmes populaires dans l’Allemagne du sud de l’époque. Après un dialogue assez conventionnel entre les deux solistes, le Larghetto instaure un jeu beaucoup plus nuancé entre les deux instrumentistes (Martin Haselböck au clavecin et Richard Fuller au pianoforte), jouant sur un tapis de cordes et de flûtes à l’unisson. Le troisième mouvement Presto est sans doute le plus intéressant de ce concerto puisqu’il multiplie les clins d’œil, offrant ainsi entre les deux instruments un concours de virtuosité et de plaisanteries qui se succèdent à un rythme effréné.

Moins connu, le Concerto pour orgue H.444 fait partie des trente-huit concertos publiés pendant la période passée par Carl Philipp Emanuel Bach à Berlin. Ce concerto, composé en 1755, connaît une transcription pour flûte, de même pour le Concerto H.446 composé en 1759, également destiné initialement à l’orgue. Bien que le genre ait été quelque peu délaissé depuis les concertos pour orgue de Georg Friedrich Händel (1685-1759), cette pièce se caractérise avant tout par une relative simplicité, l’imagination n’étant pas sa principale caractéristique. Martin Haselböck la joue avec application, se laissant guider par une partition où le seul véritable intérêt réside dans l’opposition, dans le premier mouvement (Allegro di molto), entre l’orchestration classique et le soliste profondément baroque.


La Sonatine pour deux clavecins et orchestre H.453 fait partie d’un ensemble de douze Sonatines (H.449 à H.453, H.455 à H.459, H.461 et H.462) où Carl Philipp Emanuel Bach donne la pleine mesure de son imagination, ces pièces faisant appel aux formules rythmiques et mélodiques les plus diverses. Cette sonatine (la seule avec la Sonatine H.459 à faire appel à deux clavecins) comporte deux mouvements, chacun composé de différentes sections. Comme nous l’apprend Marc Vignal dans son ouvrage Les Fils Bach (paru chez Fayard), la deuxième section du premier mouvement n’est autre que la version orchestrale de la pièce pour clavecin H.82, composée en 1754 et connue sous le surnom de La Gause. Martin Haselböck et Ingomar Rainer jouent avec entrain mais sans grande imagination cette pièce, intervenant après une première section purement orchestrale, extrêmement brillante où éclatent les sons des cors, trompettes et timbales! Le second mouvement (qui, précise de nouveau Marc Vignal, est là aussi la version orchestrale de la pièce pour clavier H.80, composée en 1754, dénommée La Pott) est moins intéressant, le rythme s’avérant plus retenu afin de donner davantage de pompe à une page à la mélodie relativement banale.


Le second disque est consacré à trois concertos pour hautbois. En vérité, il s’agit respectivement de trois concertos pour clavecin, le H.465 (dont la transcription pour hautbois est répertoriée sous le numéro H.466), le H.431 (composé en 1750 et qui a été transcrit par Carl Philipp Emanuel pour la flûte) et le H.467 (transcrit sous le numéro H.468 pour hautbois). Le Concerto H.466 est de facture extrêmement classique, donnant peu de liberté au jeu du soliste. Thomas Indermühle, qui dirige un English Chamber Orchestra à la fois brillant et véloce, joue ce premier concerto avec beaucoup de soin et, de ce fait, emporte facilement l’adhésion en dépit, encore une fois, d’une partition que l’on peut juger peu élaborée. Beaucoup plus intéressant en revanche est le Concerto H.431: non seulement le soliste bénéficie d’un jeu brillant mais l’orchestre multiplie les originalités (le surprenant recours aux pizzicati dans l’Allegro assai), en accentuant ainsi la modernité. Objectivement plus à son aise que dans le banal concerto précédent, Indermühle alterne avec doigté la pure mélodie et la franche technique, symbolisée par des gammes dont on ne sait parfois quand elles vont se terminer... Peut-être le concerto le plus connu parmi les trois, le H.468 est en tout cas le plus charmeur, oscillant entre l’amabilité de Mercadante et les sonorités de Vivaldi. Là encore, on ne peut que saluer le jeu alerte de Thomas Indermühle et de ses comparses même si certaines interprétations s’avèrent plus légères, notamment dans les basses de l’orchestre.


Un second disque tout à fait agréable donc, le premier étant quant à lui facilement éclipsé par les autres gravures existantes notamment celles de Peter Pongracz (Hungaroton) ou, surtout, Burkhard Glaetzner (Capriccio).


Sébastien Gauthier

 

 

 

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