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07/12/2010
Vespro per la Vergine
Antonio Vivaldi : Domine ad adiuvandum me festina RV 593 – Dixit Dominus RV 807 – Laetatus sum RV 607 – Nisi Dominus RV 803 – Lauda Jerusalem RV 609 – Magnificat RV 610

Susanne Rydén, Constanze Backes (sopranos), Nele Gramss (mezzo-soprano), Elisabeth Popien, Elisabeth Graf (altos), Markus Brutscher, Julian Podger (ténors), Wolf Matthias Friedrich, Markus Flaig (basses), Musica Fiata, Roland Wilson (direction)
Enregistré à la Emmanuelkirche de Cologne (8-10 janvier 2008) – 79’47
Deutsche Harmonia Mundi 88697318702 (distribué par Sony) – Traduction des textes chantés et notice bilingues (anglais, allemand) de Roland Wilson





Plus que jamais, Antonio Vivaldi (1678-1741) est à l’honneur, ses œuvres n’ayant jamais été autant enregistrées, quel que soit le genre considéré, sous les contrées les plus diverses… Voici un disque très intelligemment fait puisque, en évitant les passages obligés (Stabat Mater RV 621, Gloria RV 589, …), il offre un très beau panorama de la musique religieuse du Prêtre roux dans une interprétation tout à fait convaincante, à défaut de remettre en cause la discographie existante.


Le Domine ad adiuvandum me festina RV 593 a été écrit dans les années 1720, époque où Vivaldi passait l’essentiel de son temps à Rome. Comptant trois mouvements, il s’agit d’une œuvre tout à fait représentative du compositeur, destinée à deux ensembles instrumentaux et vocaux («in due cori»), pleine d’entrain et de ferveur. Le premier mouvement, fondé sur la psalmodie du mot «Domine» met immédiatement en évidence de très belles voix qui augurent très bien de la suite; en effet, la seconde partie, très influencée par la forme concertante, permet à Susanne Rydén de briller avant que l’ensemble des protagonistes ne la rejoignent dans un même élan pour le «Sicut erat» conclusif.


Contrairement à l’œuvre précédente, le Dixit Dominus RV 807 est une découverte récente puisque, longtemps attribué à Baldassare Galuppi (1706-1785), ce n’est qu’en 2005 qu’il fut authentifié comme étant de la main même de Vivaldi. En outre, difficulté supplémentaire, l’authenticité de cette partition a été d’autant plus facilement mise en doute que Vivaldi a composé un autre Dixit Dominus, plus connu (portant le numéro RV 594): d’ailleurs, le «De Torrente in via bibet», que l’on peut entendre dans les deux œuvres, est construit sur un schéma quasi identique… Le présent ouvrage mérite de manière générale qu’on y prête une oreille attentive: le rythme ramassé des cordes dans les deux premiers mouvements contraste agréablement avec les voix qui entonnent leur chant en canon. Fait assez fréquent à cette époque où les compositions devaient se multiplier pour répondre aux désirs des puissants, on remarquera par ailleurs que Markus Brutscher interprète un air que l’on peut entendre dans l’opéra de Vivaldi, La Fida Ninfa. De façon générale, ce Dixit Dominus connaît ici une très belle interprétation qui allie avec un réel savoir-faire simplicité des mélodies et richesse des timbres, l’orchestre faisant en effet intervenir, outre les cordes, des trompettes et des hautbois virtuoses.


Passons rapidement sur le Laetatus sum RV 607, pièce de petit format (moins de quatre minutes), pour aborder le Nisi Dominus RV 803, qu’il ne faut pas confondre avec le Nisi Dominus RV 608: celui-ci, basé sur le Psaume 126, composé dans la tonalité de la majeur, est une petite merveille à la richesse étonnante. Après une introduction enjouée (là encore, les voix sont remarquables de même que les instrumentistes), on peut entendre un procédé fréquent chez Vivaldi où une voix dialogue de la manière la plus harmonieuse avec un instrument soliste, le violon (dans le «Nisi Dominus custodierit»), le chalumeau (dans le «Cum dederit») ou le violoncelle (dans le «Beatus vir»). Les deux premières fois, Nele Gramss nous emporte par l’expressivité d’une voix dont le moelleux rend parfaitement justice au caractère religieux des mots prononcés; il en va de même pour Susanne Rydén dans le «Beatus vir», passage d’un étonnant dépouillement.


Œuvre plus tardive puisque la controverse existe encore sur le point de savoir s’il date des années 1720 ou de 1739, le Lauda Jerusalem RV 609 est également destiné à deux ensembles qui se font écho du début à la fin (illustration typique de la fameuse disposition des «cori spezatti»). L’orchestre et le chœur (composé des seuls solistes) adoptent un rythme très mesuré ce qui, au final, fait tourner quelque peu à vide l’incantation qui devrait normalement ressortir du chant.


Le disque se conclut par le Magnificat RV 610 qui, lui aussi, offre quelques difficultés d’ordre musicologique. En effet, on compte plusieurs versions de cette œuvre: la première date de 1713-1717, la deuxième a été composée dans les années 1720 à l’attention du cardinal Ottoboni, la troisième datant quant à lui de 1739. Le style monumental du chœur, l’emploi des ritournelles au fil de l’œuvre et la fugue conclusive ont contribué à en faire un passage obligé pour tout interprète de la musique sacrée de Vivaldi. Là aussi, on regrette une certaine sagesse, la timidité des interprètes laissant place à un effacement trop évident: on en restera dont à l’ancienne version dirigée par Vittorio Negri chez Philips à la tête de l’English Chamber Orchestra qui, en dépit de l’évolution interprétative, n’a pas pris une ride et suscite toujours autant d’enthousiasme.


Sébastien Gauthier

 

 

 

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