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05/04/2010
Jan Dismas Zelenka : I Penitenti al Sepolchro del Redentore ZWV 63

Mariana Rewerski (Maddalena), Eric Stoklossa (David), Tobias Berndt (Pierre), Collegium Vocale 1704, Collegium 1704, Václav Luks (direction)
Enregistré au château de Troja, Prague (11-14 novembre 2008) – 71’40
Zig-Zag Territoires ZZT090803 (distribué par Harmonia Mundi) – Notice bilingue (français et anglais) de Václav Luks





On ne cesse de s’étonner (et d’admirer) le véritable foisonnement musical qui a envahi l’Europe centrale au XVIIIe siècle. La multiplication des petites cours princières et des baronnies a fort logiquement généré l’apparition d’autant d’orchestres qui, conduits par des chefs qui se sont improvisés compositeurs (ou vice-versa), ont permis de créer de véritables bijoux que l’on ne découvre qu’aujourd’hui. Tel est le cas du présent disque qui exhume l’oratorio I Penitenti al Sepolchro del Redentore de Jan Dismas Zelenka (1679-1745).


Né en Bohême, contrebassiste à la chapelle royale de Dresde, il fit plusieurs séjours à Vienne entre 1716 et 1719 où il reçut l’enseignement du compositeur Joseph Fux (1660-1741). Bien qu’auteur d’une œuvre impressionnante, il ne reçut le titre de « compositeur officiel » qu’en 1735, éclipsé qu’il était par d’autres compositeurs comme Hasse, Pisendel ou Heinichen. Le mélomane connaît déjà, grâce au disque, une partie non négligeable de l’œuvre sacrée de Zelenka au sein de laquelle on peut notamment distinguer l’oratorio Gesù al Calvario ou la Missa Votiva ZWV 18, déjà enregistrée par Václav Luks pour Zigzag Territoires. Le présent disque confirme l’excellence de l’œuvre de Zelenka et les indéniables affinités entretenues avec celle-ci par Luks.


L’oratorio I Penitenti al Sepolchro del redentore date de 1736. Comme son appellation le laisse entendre, il s’agit d’une œuvre composée spécialement pour la période pascale dont les tonalités sombres et pleines de ferveur plongent immédiatement l’auditeur dans une profonde méditation. Nul aspect théâtral à découvrir dans le trio formé par Marie-Madeleine, Pierre et David mais bien plutôt une déclaration faite au Christ (la rencontre entre les trois protagonistes ayant lieu au Saint-Sépulcre) sur des tonalités différentes, la méditation tout en retenue de Marie-Madeleine succédant ainsi à l’appel douloureux de David et à la réflexion passionnée de Pierre.


D’emblée, l’auditeur est saisi par la forte impression que laisse la longue introduction orchestrale qui oppose les motifs des flûtes aux longues tenues des cordes et des hautbois. Profitant de la superbe acoustique du château de Troja, Václav Luks laisse les notes s’épanouir, profitant des silences et de la légère réverbération pour accroître la gravité du propos musical. La seconde partie de l’introduction, qui laisse davantage place aux cordes (celles-ci jouant notamment un superbe ostinato), est tout aussi séduisante tout en amenant doucement l’auditeur vers l’exaltation de David (dont le rôle est admirablement chanté par Eric Stoklossa). Projetant une voix à la fois altière et puissante, sachant également faire preuve de la plus grande douceur, l’aria « Squarcia le chiome » hisse d’emblée cette œuvre à un niveau musical exceptionnel. Eric Stoklossa exhorte avec une remarquable théâtralité Marie-Madeleine à pleurer sur la mort du Christ : le résultat musical est splendide. Tout autre est la couleur du long aria « Del mio amor, divini sguardi » : à la colère rageuse succède ainsi la douce complainte adressée au Ciel, déclamée par Mariana Rewerski avec un sens de la respiration et de l’à-propos qui illustrent parfaitement ce que doit être une prière. Nouvelle tonalité dans la bouche de Pierre : de nouveau la colère se fait jour, projetée contre le serpent du Jardin d’Eden par la faute duquel l’Homme fut condamné à être, sa vie durant, accablé de malheurs. La concomitance entre les accents des musiciens (cordes et hautbois à l’unisson) et la déclamation du mot « perfida » exprime avec une grande vérité la rage contenue de Celui qui sait ce qu’aurait pu être le Monde s’il n’avait subi cette infortune. A l’image de ses deux partenaires, Tobias Berndt allie avec aisance sûreté de la ligne vocale et expressivité du chant, très bien soutenu par l’orchestre. Les deux airs suivants, respectivement confiés à Marie-Madeleine et à David, sont typiques de l’œuvre des compositeurs de cette époque dans la mesure où ils allient avec élégance recherche mélodique (les pizzicati des cordes qui, dans l’aria de David « Le tue corde, arpe sonora », instaurent une atmosphère quelque peu enjouée, étonnante compte tenu du contexte) et gravité du propos (qu’il ressorte de l’opéra ou de l’oratorio). Forme classique pour un oratorio, celui-ci se conclut par une douce prière où les voix (soulignons encore une fois l’excellence d’Eric Stoklossa, dialoguant harmonieusement avec les chœurs) sont tour à tour soutenues par les flûtes et les cordes.


On l’aura compris : voici un disque absolument superbe qui, au-delà de l’éclairage qu’il contribue à donner sur ce XVIIIe siècle musical, devrait inciter chacun à se précipiter sur l’œuvre encore trop méconnue de Jan Dismas Zelenka.


Le site du Collegium 1704
Le site de Mariana Rewerski
Le site d’Eric Stoklossa
Le site de Tobias Berndt
Un site exhaustif consacré à la vie et l’œuvre de Jan Dismas Zelenka


Sébastien Gauthier

 

 

 

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