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01/26/2010
Vincenzo Bellini : La Sonnambula
Cecilia Bartoli (Amina), Juan Diego Flórez (Elvino), Ildebrando d’Arcangelo (Il conte Rodolfo), Gemma Bertagnoli (Lisa), Liliana Nikiteanu (Teresa), Peter Kálmán (Alessio), Javier Camarena (Un notaro), Chœur de l’Opéra de Zurich, Orchestre La Scintilla, Alessandro de Marchi (direction)
Enregistré à Zurich (2008) – 134’11
Coffret de deux disques L’Oiseau-Lyre 478 1084 (distribué par Universal) – Présentation et livret quadrilingues





Le 6 mars 1831, la Pasta crée La Somnambule. Neuf mois plus tard, le 26 décembre, elle crée Norma. Les choses sont claires : Bellini ne pouvait destiner Amina à un soprano colorature. L’usage s’en établi lorsque certaines chanteuses se sont emparées du rôle, alors que le diapason montait. La Malibran, pas plus soprano aigu que la Pasta, lui succéda ensuite, sans susciter une autre version. On a donc raison de nous rappeler que la soi-disant « version Malibran » relève du mythe – certains qualifient plutôt aujourd’hui les deux cantatrices de mezzo-sopranos. Rien ne s’opposait, du coup, à ce que Cecilia Bartoli s’empare du semiseria bellinien. Quitte à transposer des numéros vers le grave… et non des moindres, puisqu’il s’agit de duos avec Elvino… ce qu’elle n’est pas la première à faire. Parce que, pour le coup, Rubini était un ténor très aigu, capable d’aller jusqu’à ce contre-fa que lui offrirait Bellini dans Les Puritains. Est-ce trahir que transposer ? On n’y regardait pas de trop près à l’époque et les puristes ne devraient pas oublier que le fameux « Casta diva » était écrit, à l’origine, un ton plus haut qu’on ne le chante en général. Or un ton, c’est beaucoup…


Ne cherchons donc pas querelle à Cecilia Bartoli, du moins sur ce point. Ecoutons seulement son Amina. Force est de convenir qu’elle nous déçoit beaucoup. Elle fait du Bartoli, semble se parodier elle-même ; nous entendons un numéro de star et cherchons en vain notre Somnambule. Ce chant narcissiquement chichiteux, qui se contemple dans le miroir de ses rubatos outrés ou de sa colorature tressautante, ne constitue en rien une interprétation. Pourquoi avoir gâché beauté des couleurs, maîtrise du souffle, science du bel canto ? Loin de corriger ces rédhibitoires défauts, le chef les flatte, consentant à étirer les tempos, à anémier la musique, alors qu’il peut, quand elle ne chante pas, se montrer vif et élégant, à la tête de l’ensemble « baroqueux » de l’Opéra de Zurich, aux jolis timbres fruités – en particulier les bois. Dommage pour Juan Diego Flórez, égal à lui-même, aussi enthousiaste que stylé, brillant et charmeur, sans doute digne successeur de Rubini – à ceci près qu’il transpose, de son côté, « Ah ! perché non posso odiarti », se permettant du coup le luxe d’un contre- dans la reprise. Si elle n’engloutissait pas celle de son premier air sous les vocalises, Gemma Bertagnoli nous convaincrait en Lisa. Ildebrando d’Arcangelo, lui, n’a pas de mal à imposer un Comte superbe de voix et de tenue.


Bartoli devait justifier cette Somnambule, luxueusement présentée : elle la disqualifie. On lui préférera sans hésiter la version Dessay, Callas, Sutherland et Scotto restant, de toute façon, indétrônables. Le disque « Sacrificium », heureusement, fait vite oublier ce faux pas.


Didier van Moere

 

 

 

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