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01/18/2010
David Monrad Johansen : Concerto pour piano en mi bémol majeur, op. 29 – Pan, poème symphonique, op. 22
Johan Kvandal : Concerto pour piano, op. 85

Håvard Gimse (piano), Orchestre philharmonique d’Oslo, Christian Eggen [Monrad Johansen]), Ole Kristian Ruud [Kvandal] (direction)
Enregistré à la Konserthus d’Oslo (10-12 août 2005 [Monrad Johansen], 15-16 mai 2007 [Kvandal]) – 68’57
SIMAX classics, nordic edition PSC 1234 (distribué par DistrArt) – Notice en anglais et en norvégien






Lors des nombreux concerts et enregistrements donnés et effectués en 2005 pendant les célébrations du centenaire de l’indépendance de la Norvège, le pianiste Håvard Gimse s’était tourné vers le Concerto pour piano de David Monrad Johansen. Deux ans plus tard, SIMAX captait son interprétation du Concerto tardif du fils de Monrad Johansen, Johan Kvandal, pour les réunir ici avec en complément de programme le beau poème symphonique Pan, œuvre marquante de la plume du père que nous retrouvons ici avec joie.


David Monrad Johansen (1888-1974) a traversé les grands courants de la musique norvégienne du XXe siècle, mais, bien que toujours sous influence française, il est resté fidèle à la tendance romantique, nationale et politico-culturelle qui avait évolué à l’air du temps, en directe ligne d’Edvard Grieg. Le poème symphonique Pan est écrit en hommage à l’écrivain Knut Hamsun à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire en 1939. Monrad Johansen ayant resserré les liens avec son héritage national en s’inspirant musicalement à plusieurs reprises des poèmes de l’Edda, son ambition ici est de créer en plus un puissant sentiment de rapport privilégié à la nature et, effectivement, l’imaginaire reste constamment en prise avec une impression forte de mer et de forêt norvégiennes touchant au mythique. Si le souffle est d’une grande force poétique, Pan, sans fil narratif pour autant, reste de facture classiquement symphonique. C’est une construction en arche fondée sur l’accélération, le crescendo et la complexité polyphonique grandissante des textures orchestrales, puis leur contraire. Les couleurs sont intenses, les élans puissants ou lyriques, les miroitements et le caractère de certains accords des cordes de style et de consonance tout à fait nordiques. La direction de Christian Eggen souligne la grande finesse instrumentale d’une partition d’une transparence toute française qui permet un épanouissement orchestral remarquable, bien compris des musiciens de l’Orchestre philharmonique d’Oslo qui proposent en outre de brefs solos instrumentaux et des chorals de cuivres tout à fait captivants.


Le Concerto pour piano de 1954 témoigne d’une volonté de retour vers les formes classiques et une tonalité plus affirmée. Les trois mouvements gardent un caractère classique et suivent le schéma vif-lent-vif, mais le développement est organique et, à l’intérieur de chaque mouvement, les contrastes sont grands : contrastes de registre, d’allure et de dynamique sonore. Inhérentes au style personnel de Monrad Johansen, on remarque la finesse de l’instrumentation et l’habileté mélodique des motifs d’inspiration traditionnelle. Le piano dialogue avec l’orchestre, ou se livre avec lui à un double jeu de reflets ou encore s’en distingue comme un fil d’argent dans un tissu de soie. Håvard Gimse, agile et virtuose, se prête avec conviction à l’aérien comme au péremptoire, cherchant une symbiose avec l’orchestre, jamais une prédominance.


Le parcours de Johan Kvandal (1919-1999) ressemble par certains côtés à celui de son père dans la mesure où, confronté au choix entre deux voies divergentes – celle d’une nouvelle esthétique venue en partie de Paris et Vienne et celle du sentiment national d’un pays encore jeune à la recherche de ses racines – il est resté proche de la dernière, toutefois non sans élargir ses conceptions musicales grâce, pour une part, à ses études auprès de Nadia Boulanger dans les années 1950 qui l’ont sensibilisé au travail de compositeurs tels Bartók, Stravinsky ou Messiaen.


Le Concerto de 1998 fut la dernière œuvre de Johan Kvandal. Pas du tout touché par l’impressionnisme, au contraire du Concerto de Monrad Johansen, celui de Kvandal témoigne de son goût pour la modalité et une tonalité élargie, surtout lors des deux premiers mouvements aux thèmes d’inspiration traditionnelle. Le troisième mouvement est une brillante toccata de belle facture quoique peu innovatrice, une parfaite mise en valeur du soliste. Au premier mouvement roboratif, mais plus convenu hormis les fines couleurs de sa conclusion énigmatique, s’enchaîne un Andante poco sostenuto tout à fait inattendu. Il commence par un solo de tuba de dix-neuf mesures tout en douceur qui impose son climat sombrement mystérieux à l’ensemble du mouvement. Le piano en quasi cadenza alterne avec un orchestre qui déploie de riches couleurs aux timbres recherchés. L’instrument soliste domine l’ensemble du concerto, cependant, s’imposant avec brillant à l’orchestre qui, en sa présence, assume un rôle d’écrin. Gimse apporta tout son soutien à Kvandal au cours de la composition, interprétant le concerto page après page, et ce fut lui l’instigateur du troisième mouvement, le compositeur ayant initialement eu l’intention de conclure sur la relative ambiguïté de l’Andante. Le pianiste, d’une belle expressivité, n’en oublie pas la clarté et la précision de la partition bien soutenues par l’Orchestre philharmonique maintenant sous la direction d’Ole Christian Ruud, qui en obtient le vif relief instrumental nécessaire.


Le site de SIMAX


Christine Labroche

 

 

 

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