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01/02/2010
«Live from Salzburg»
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano, violon, violoncelle et orchestre, opus 56 «Triple concerto»
Modeste Moussorgski : Tableaux d’une exposition (orchestration Maurice Ravel)
Johann Strauss I : Radetzky-Marsch, opus 228
Alberto Ginastera : Danza final (Malambo), extraite du ballet «Estancia», opus 8
Gustav Mahler : répétitions de la Symphonie n° 1 (#)

Martha Argerich (piano), Renaud Capuçon (violon), Gautier Capuçon (violoncelle), Orquesta sinfónica de la Juventud Venezolana Simón Bolívar, Gustavo Dudamel (direction)
Enregistré en public au Grosses Festspielhaus de Salzburg (29 août 2008) et en répétition (#) dans la Grosse Universitätsaula de Salzburg (23 août 2008) – 86’ (+ 45’ de bonus-documentaire School of listening)
DVD Deutsche Grammophon 00440 073 4515 (distribué par Universal) – Notice de présentation en français, anglais et allemand






Lors de l’édition 2008 du Festival de Salzbourg, dans le lieu qui symbolise peut-être au plus haut point l’art musical du Vieux Continent, les Jeunes du Venezuela et leur chef – Gustavo Dudamel – ont répandu au Grosses Festspielhaus une bouffée de chaleur rafraichissante. Comme partout ailleurs (voir ici ou ici), des ovations enthousiastes accueillent les musiciens de l’Orchestre Simón Bolívar, trouvant leur paroxysme lors de deux bis «favoris»: favoris des Autrichiens (qui expriment par un sonore «Ah!» leur joie de reconnaître la Marche de Radetzky) comme de la formation vénézuélienne (qui fait un tabac avec un «Malambo» de Ginastera tout autant joué par les instruments que dansé par les instrumentistes). Il faut dire que le DVD donne une image fidèle du sentiment de renouvellement du genre qui caractérise les prestations de cet orchestre, et l’on se dit vite que les concerts classiques devraient toujours être animés par le même feu et la même passion plutôt qu’éteints par le sérieux de la tradition ou endormis par le ronflement de la routine.


La clef de ce petit miracle (nommée Dudamel) est d’ailleurs livrée par le généreux bonus de trois quarts d’heure – intitulé L’Ecole de l’écoute – offrant une répétition de la Première symphonie de Gustav Mahler conduite par le jeune chef né à Barquisimeto en 1981. Au-delà du «cours-démonstration» livré par l’artiste vénézuélien sur cette œuvre qu’il a déjà dirigée en concert (voir ici et ici), c’est bien l’évidence du talent hors-norme d’un homme respirant le charisme et transpirant l’amour de la musique qui saute aux yeux. Comment ne pas penser à Leonard Bernstein en voyant le showman Dudamel s’adresser au public – dans un anglais à l’accent inénarrable – plutôt qu’à son orchestre et multiplier les commentaires imagés pour faire comprendre que tout n’est qu’expérience humaine?


Quant à l’interprétation des œuvres programmées lors du concert salzbourgeois, on retiendra davantage un Triple concerto fougueux et puissant que des Tableaux d’une exposition spectaculairement maîtrisés mais assez anonymes à force de fortissimos criards («Bydlo», «Baba Yaga»), de tempos poussifs («Limoges») et de chutes de tension (presque chaque «Promenade», «Il vecchio castello»). Avec un orchestre au geste précis, qui s’investit dans un Beethoven épais sans être lourd, le message humaniste du compositeur est, en revanche, magistralement délivré par des artistes animés d’une passion communicative. Il faut dire que les solistes de ce Triple concerto sont de tout premier ordre : la présence de Martha Argerich – écoutant attentivement et soutenant sereinement tout le petit monde qui s’active derrière elle – insuffle un surcroît de musicalité et de virtuosité (avec des doigts toujours bondissants, des traits d’humour permanents dans les trilles vivantes et espiègles du Rondo alla Polacca, un art inouï du piano). Le contraste est touchant entre la sagesse de l’expérimentée pianiste (qui va vers ses soixante-dix ans) et la passion débordante d’expressivité des deux solistes français, qui s’expriment de tout leur corps sur l’immense scène du Grosses Festspielhaus. Au fil des mouvements, le rapport s’inverse entre les frères Capuçon, avec un Renaud dont on apprécie la sensibilité sobre et le violon sans fioritures et un Gautier merveilleusement fiable dans l’Allegro mais qui en fait malheureusement des tonnes dès le Largo, au détriment du maintien de sa ligne d’archet. Partout néanmoins, on ressent le plaisir qu’ont ces artistes à faire ensemble de la musique, dans un contexte aussi privilégié.


Le site de Gustavo Dudamel
Le site de l’Orchestre des Jeunes Simon Bolivar


Gilles d’Heyres

 

 

 

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