About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

12/31/2009
Frank Zappa : Peaches in Regalia (adaptation Vincent Manac’h)
Nikesha Briscoe & Rafael Akinyem : Womanizer (adaptation Morgan Jourdain)
Elli Medeiros : Toi mon toit (adaptation David Colosio)
Laurent Biehler & Daniel Rozoum : Cherchez le garçon (adaptation Vincent Manac’h)
Serge Gainsbourg : Manon (adaptation Morgan Jourdain)
Björk : Hunter (adaptation David Colosio)
Assy & Mansour Rahbani : Nahna Wil Amar Jiran (adaptation Vincent Manac’h)
Bruno Canfora : Brava (adaptation Vincent Manac’h)
Stuart Price, Benny Andersson & Björn Ulvaeus : Hung up (adaptation David Colosio)
Burt Bacharach : The Look of Love (adaptation Vincent Manac’h)
Cathy Dennis & Rob Davis : Can’t get you out of my head (adaptation Morgan Jourdain)
Thomas Fersen : Dugenou (adaptation Vincent Manac’h)
John Lennon & Paul McCartney : A Day in the Life (adaptation David Colosio)
Jerome Kern : The Folks Who Live on the Hill (adaptation Morgan Jourdain)
Dimitri Tiomkin : Wild is the Wind (adaptation Morgan Jourdain)
Jacques Brel : Les Marquises (adaptation David Colosio)
Brigitte Fontaine & Areski Belkacem : Cher (adaptation David Colosio)
Jacques Dutronc : Il est cinq heures, Paris s’éveille (adaptation Morgan Jourdain)

les Cris de Paris, Geoffroy Jourdain (direction)
Enregistré à Paris (mai 2009) – 77’59
Alpha 888 (distribué par Harmonia mundi) – Notice en français et en anglais






Encore est l’un de ces nombreux mots français qui vivent une autre vie en anglais, où il désigne ce que nous appelons un bis. «Encores», c’est donc le nom choisi par les Cris de Paris pour cette sélection de dix-huit des brefs morceaux qu’il donne en conclusion de ses concerts. Le titre se justifie d’autant plus que le programme de ce disque, marquant le dixième anniversaire d’Alpha et présenté dans un amusant boîtier rond métallisé, fait largement appel au répertoire anglo-saxon du dernier demi-siècle, ainsi que le laisse deviner la scintillante boule disco qui l’illustre.


Le choix des chansons trahit bien sûr la nostalgie d’une génération dont la jeunesse a été rythmée par ces succès – par exemple Cherchez le garçon (1980) de Taxi Girl – mais avec un joyeux éclectisme, les chanteurs réunis depuis 1998 autour de Geoffroy Jourdain s’emploient à faire le grand écart entre les époques, depuis la fin des années 1950 avec Fairouz dans Nahna Wil Amar Jiran, Johnny Mathis dans Wild is the Wind ou Peggy Lee reprenant The Folks Who Live on the Hill (1937) de Jerome Kern, jusqu’au dernier hit de Britney Spears, Womanizer (2008). La chanson française «à texte» trouve sa place dans ce florilège – comme Dugenou (1999) de Thomas Fersen – mais que ce soit Kylie Minogue dans Can’t get you out of my head (2001) ou Madonna revisitant Abba dans Hung up (2005), rien ne fait peur aux arrangeurs, tous trois issus du pupitre des basses, David Colosio, Morgan Jourdain et Vincent Le Manac’h, auxquels on doit par ailleurs La la la, «opéra en chansons» mis en scène par Benjamin Lazar et créé au cours de la saison 2008-2009.


Deux d’entre eux figuraient déjà parmi les compositeurs du précédent enregistrement des Cris de Paris, «Capitolo novo», réalisé voici cinq ans (voir ici): il n’est donc pas surprenant que les adaptations de ces tubes ne consistent pas en de simples transcriptions mais tirent au maximum parti d’une écriture chorale moderne et ambitieuse. Les harmonisations, les couleurs et les effets instrumentaux, s’ils évoquent parfois la manière des Swingle Singers, comme dans Peaches in Regalia (1969) de Zappa ou dans Toi mon toit (1986) d’Elli Medeiros, notamment dans cette façon qu’ont les voix d’imiter les percussions, vont bien au-delà, jusqu’à rendre quasi méconnaissables, à force de déconstructions et superpositions, certaines des mélodies, qui en ressortent peut-être aussi comme passées au filtre de la mémoire.


Les vagues sonores recouvrent ainsi progressivement Les Marquises (1977) de Brel, tandis qu’Il est cinq heures, Paris s’éveille (1968) de Jacques Dutronc s’étire, dans un tempo moins allant que l’original, pour s’achever sur de frais gazouillis. Ces réinterprétations puissamment poétiques conviennent à merveille aux univers planants ou déglingués, comme ceux de Björk – Hunter (1998) – ou de Brigitte Fontaine – Cher (1977). De même, Manon (1968) de Gainsbourg se déploie comme dans un rêve, sur un tapis d’accords saturés. Mais des standards internationaux tels que Brava (1965) ou The Look of Love (1967), extrait du film Casino Royale, acquièrent aussi une nouvelle saveur. Le télescopage des époques est également de mise, que ce soit par le recours à différents styles «savants», en décalage avec les musiques originales, ou même par la citation, comme l’Air de la Troisième suite de Bach qui ouvre A Day in the Life (1967) des Beatles.


Point commun à toutes ces plages: une qualité vocale et sonore emblématique d’un ensemble et d’un chef de chœur dont les mentors furent Laurence Equilbey, même si l’on pourra chipoter un peu sur le caractère idiomatique des accents. En fin de compte, le seul regret, inspiré par la réussite du clip de Hung up réalisé par Benjamin Lazar, est que ce disque ne soit pas un DVD.


«Encores»? Encore! On en redemande donc... et on est finalement exaucé: après un long silence, tout au bout de l’ultime plage, le «bis des bis» offre une surprise potache qu’on laissera à chacun le soin de découvrir.


Le site des Cris de Paris
Le site du disque


Simon Corley

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com