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09/27/2009
Franz Schubert : Sonates n° 17 «Reliquie», D. 840, et n° 22, D. 959
György Kurtág : Birthday elegy for Judith (for the second finger of her left hand) – Hommage à Schubert (extraits de «Játékok»)

Jonathan Biss (piano)
Enregistré en concert au Wigmore Hall, Londres (12 mai 2009) – 69’03
Wigmore Hall Live WHLive 0030 (distribué par Codaex) – Notice de présentation en anglais






Ce disque de Jonathan Biss (né en 1980), remarquablement bien enregistré lors d’un concert au Wigmore Hall de Londres (voir ici), présente deux partitions du Schubert de la dernière période. Dans les deux mouvements de la Sonate en ut majeur (1825), Jonathan Biss fait montre d’une sensibilité et d’un raffinement du toucher, dont le principal défaut est de manquer du poids et de la profondeur susceptibles de permettre de s’affranchir – à l’image d’un Sviatoslav Richter par exemple (Decca) – de l’héritage de Mozart, vers lequel tire souvent cette interprétation attentive et délicate mais un peu anonyme – dans un style proche, Mitsuko Uchida va par exemple beaucoup plus loin dans l’individualisation du discours schubertien (Philips). On apprécie néanmoins la recherche de légèreté et de transparence dans le phrasé, l’ensemble restant concentré et suffisamment dense pour ne pas transformer la série d’accords plaqués sur le clavier en un exercice sec et brutal.


Le défaut de profondeur et de poids est plus handicapant dans une Sonate en la majeur (1828) qui sonne avec une telle légèreté qu’elle en devient fade. Ce que l’on regrette le plus dans cette lecture bien trop littérale, c’est le manque d’engagement que ne compensent pas, dans l’Allegro initial, les vertus de respect de la valeur des notes et, encore une fois, de transparence de la phrase musicale. Si l’on apprécie la justesse du tempo choisi pour l’Andantino, qui ne s’alanguit nullement et laisse le discours s’épanouir avec clarté et probité, il y fait malheureusement défaut la fièvre, l’effroi, la folie qui sont le cœur de l’œuvre, comme l’analyse si bien Alfred Brendel (voir ici). Sans maniérisme, vif et bondissant, le Scherzo apparaît davantage comme un charmant intermède que comme un élément de liaison entre les deux premiers mouvements et le Rondo final, lequel confirme que le jeune soliste offre un Schubert bien plus classique que romantique.


Le début de carrière discographique de Jonathan Biss démontre des qualités constantes d’intégrité et de mesure (voir ici et ici) : on ne peut que souhaiter qu’il les conserve, mais également qu’il affirme une personnalité dans son jeu comme dans son répertoire. A ce titre, les deux brefs compléments aux sonates, extraits de Játékok (1973-1993) de Kurtág, laissent apparaître des qualités qu’on aimerait voir s’émanciper davantage. Ainsi le pianiste américain fait-il poser à Birthday elegy for Judith des questions que le début de la Sonate «Reliquie» paraît résoudre, alors même que cette dernière – laissée inachevée par Schubert – se conclut sans avoir livré son propre épilogue. Quant à l’avant-dernière Sonate, elle se prolonge dans un Hommage à Schubert où la mélodie emprisonnée semble s’égarer avec le Wanderer, sur le chemin solitaire d’où nul n’est jamais revenu.


Le site de Jonathan Biss


Gilles d’Heyres

 

 

 

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