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09/22/2009
Wolfgang Amadeus Mozart : Requiem (transcription d’après le manuscrit de Peter Lichtenthal)

Quatuor Debussy: Christophe Collette, Dorian Lamotte (violon), Vincent Deprecq (alto), Alain Brunier (violoncelle)
Enregistré au temple de la Lanterne, Lyon – 47’27
Decca 480 1938 (distribué par Universal) – Notice de présentation en français et en anglais






En août dernier, Jean-François Zygel, dans une émission consacrée à la voix féminine, disait à Renaud Capuçon que « [sa] voix à [lui] était [son] violon ». Cette phrase semble particulièrement bien adaptée pour introduire l’enregistrement d’une transcription du célèbre Requiem de Mozart pour quatuor à cordes par le Quatuor Debussy, dont les membres, à en croire leur carrière fulgurante, sont les ténors de la musique de chambre. Jeu de mots mis à part, ce choix original effectué en 2006 pour marquer le deux cent cinquantième anniversaire de la naissance de Mozart, relève d’un pari audacieux. Parti de la transcription de Peter Lichtenthal, « docteur en médecine et amateur de musique distingué » (selon François-Joseph Fétis), qui naquit à Presbourg dans l’actuelle Slovaquie en 1780, et mourut à Milan en 1853, le quatuor s’immerge dans le conducteur à quatre voix conservé à Milan. Après une minutieuse observation du manuscrit pour tenter de comprendre les choix du transcripteur, le quatuor décide d’apposer son sceau à cette partition en y faisant quelques modifications, comme combler une importante réduction de voix, rétablir au violoncelle le continuo original supprimé par Lichtenthal dans l’Hostias, ou encore en choisissant, pour la fugue finale, de se rapprocher de la version originale de l’orchestre, Lichtenthal ayant décidé d’effectuer une reprise identique à celle de l’Introitus.


Pari audacieux, disions-nous, en raison notamment de la difficulté de la tâche : si les instruments du quatuor peuvent « chanter », tout comme le violon de Renaud Capuçon, ils ne peuvent rendre et l’ensemble des voix et la sonorité de l’orchestre. N’y a-t-il pas alors un risque de dénaturer l’œuvre ? D’aucuns pourraient être en effet frustrés de constater que l’amplitude de l’orchestre et des voix est effacée : l’Amen concluant le Lacrimosa, par exemple, ne possède pas toute l’intensité portée par l’orchestre et l’ensemble des voix. Cependant, cette atmosphère intime, bien que surprenante, ne va peut-être pas tant à l’encontre de l’œuvre de Mozart que l’on pourrait le penser : d’une part, en réalisant ses modifications, le Quatuor Debussy s’est attaché à respecter l’œuvre originale au point, comme énoncé plus haut, d’élaborer une fugue finale plus proche de ce qu’a écrit le compositeur. D’autre part, grâce à cette transcription pour quatuor à cordes, ensemble réduit, la douleur émanant de la musique du Requiem devient plus personnelle, de sorte qu’on peut la toucher du doigt et presque se l’approprier. Cela ne signifie pas que ces aspects soient absents dans la version originale, mais cette dernière fait ressortir le cadre d’une telle œuvre : une messe de funérailles dans laquelle la douleur est collective. En somme, cette transposition pour quatuor à cordes fait ressortir l’individualité de l’émotion : on ne distingue plus les tutti des parties assumées par les solistes si bien que tout semble être chanté par une personne unique, même si demeure le dialogue interinstrumental inhérent à la musique de chambre.


Enfin, l’émotion est aussi palpable sur un autre plan : la transcription de Lichtenthal est datée de 1802, c’est-à-dire au moment où le quatuor à cordes se professionnalise et prend son essor. Rappelons en effet qu’après Haydn et Mozart qui l’ont façonnée, Beethoven se penche également sur cette forme musicale, de sorte qu’en 1802 il a déjà composé les six Quatuors de l’Opus 18. Lichtenthal, qui avait étudié la médecine à Vienne, connaissait certainement ces œuvres. Avoir à l’esprit ce pan de l’histoire musicale est émouvant : c’est comme si toute l’ampleur de l’orchestre et du chœur cédait la place à l’ampleur du développement du quatuor à cordes, berceau de la musique de chambre, indéniablement plus confidentielle. Paradoxe ? Peut-être pas autant qu’il y paraît, car qu’il s’agisse d’intensité ou d’intimité, un dénominateur commun se fait jour : l’ampleur, notamment celle de l’émotion.


Le Quatuor Debussy


Fanny Fossier

 

 

 

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