About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

09/21/2009
Richard Strauss : Vier letzte Lieder (#)
Johann Sebastian Bach : Christe Eleison, Laudamus Te et Et in unum Dominum de la Messe en si mineur BWV 232 (§)
Wolfgang Amadeus Mozart : Martern aller Arten (extrait de « Die Entführung aus dem Serail ») – Come scoglio immoto resta (extrait de « Così fan tutte ») (#)
Richard Wagner : Gut’n Abend, Meister (extrait de « Die Meistersinger von Nürnberg ») (~)
Johann Strauss : Mein Herr, was dächten Sie von mir et Klänge der Heimat (extraits de «Die Fledermaus») (+ #)
Engelbert Humperdinck : Suse, liebe Suse... Brüderchen, komm, tanz mit mir (extrait de «Hänsel und Gretel ») (* #)

Elisabeth Schwarzkopf, Elisabeth Grümmer (*) (sopranos), Kathleen Ferrier (§) (alto), Helmut Krebs (+) (ténor), Karl Dönch (+) (baryton), Philharmonia Orchestra (#), Orchestre philharmonique de Vienne (°), Orchestre du festival de Bayreuth (~), Herbert von Karajan (direction)
Enregistré en 1946 (Die Entführung aus dem Serail), 1950 (Bach), 1951 (Wagner), 1953 (Humperdinck), 1954 (Così fan tutte), 1955 (Johann Strauss) et 1956 (R. Strauss) – 70’20
Urania URN 22.379 (distribué par Intégral) – Pas de notice de présentation





Ce disque peut-il susciter autre chose que la frustration et un certain énervement ? L’idée de rendre hommage au légendaire couple d’interprètes que formèrent Elisabeth Schwarzkopf (1915-2006) et Herbert von Karajan (1908-1989) n’est en soi pas critiquable bien que, comme nous allons le voir, les extraits présentés soient nombreux à être connus et déjà accessibles dans de meilleures conditions techniques. Cela dit, un éditeur plus sérieux n’aurait-il pas choisi de fouiller davantage les archives existantes de tel ou tel festival, de telle ou telle radio afin d’en tirer quelques perles à cette heure inaccessibles ? Par ailleurs, comment doit-on juger l’absence complète de notice alors qu’il aurait été ô combien intéressant d’expliquer la façon dont Schwarzkopf et Karajan collaborèrent ? Enfin, comment comprendre qu’il s’agit là de l’exact doublon du disque Schwarzkopf – Karajan publié en 2006 par l’éditeur... Urania, c’est-à-dire le même que présentement (disque Urania 22.296) ?


Une fois le premier émoi passé, écoutons néanmoins ce disque qui, s’il est en grande partie connu, offre tout de même quelques moments à apprécier à leur juste mesure. Ainsi, c’est un témoignage inespéré que d’entendre les Quatre derniers lieder de Richard Strauss (1864-1949) captés en concert à Londres, au Royal Festival Hall, le 20 juin 1956. Sauf erreur, c’est la seule version en concert que l’on possède par Schwarzkopf et Karajan, outre celle enregistrée au Festival de Salzbourg le 15 août 1964 avec l’Orchestre philharmonique de Berlin (programme disponible chez Nuova Era avec une nouvelle version de la Huitième symphonie de Bruckner), couplée avec le Concerto pour hautbois et Ein Heldenleben du même Richard Strauss (œuvres qui ne figurent pas dans le disque précité). Précisons que, de façon assez étrange, le cycle se conclut ici par « September » alors que la progression habituelle veut que le dernier lied à être interprété soit le bouleversant « Im Abendrot ». Par ailleurs, et bien qu’aucune indication ne figure à ce sujet dans la jaquette, il est probable que le violon solo accompagnant la cantatrice dans « Beim Schlafengehen » soit tenu par Hugh Bean, nommé à ce poste au Philharmonia en cette même année 1956. En dépit d’une prise de son trop lointaine, l’émotion est présente dans l’orchestre ; Elisabeth Schwarzkopf s’avère parfois inhabituellement décevante du point de vue technique (manque de tenue de la voix, glissandi vocaux plutôt malheureux) mais quelle présence ! Quel sens des mots ! Si elle n’atteint pas la perfection d’autres versions (elle-même avec George Szell ou Gundula Janowitz avec Karajan), ce témoignage n’en demeure pas moins intéressant, ne serait-ce que pour le comparer avec les autres gravures de la chanteuse ou du chef.


Plus connu, l’enregistrement en concert de la Messe en si mineur BWV 232 de Johann Sebastian Bach (1685-1750) est un reflet des festivités que Vienne organisa en juin 1950 pour marquer avec faste le bicentenaire de la mort du Cantor. A cette occasion, Karajan dirigea également plusieurs œuvres concertantes (dont le Concerto pour deux violons avec Yehudi Menuhin et Wolfgang Schneiderhan en solistes) ainsi que la Passion selon saint Matthieu (le 9 juin, au Musikverein à la tête de l’Orchestre symphonique de Vienne), œuvre au sujet de laquelle il eut une importante querelle avec Furtwängler qui, par ses atermoiements à l’égard du Wiener Singverein, conduisit ce dernier à demander à Karajan de diriger le concert (il est vrai que Furtwängler s’était imposé à la dernière minute pour diriger la Passion alors qu’il avait préalablement laissé à Karajan le soin de préparer les chœurs pendant plus d’un mois…). Malheureusement, en ce qui concerne la Messe en si, la prise de son et les bruits du public sont tels que l’émotion de l’œuvre mais aussi de l’interprétation (entendre ainsi réunies Elisabeth Schwarzkopf et Kathleen Ferrier n’est tout de même pas chose courante !) disparaissent en grande partie. Il n’en demeure pas moins que le « Christe Eleison » est très beau en dépit d’un orchestre outrageusement étoffé.


Bien que déjà publié sous le label EMI Classics, l’air virtuose « Martern aller Arten » tiré de l’acte III de L’Enlèvement au sérail de Mozart, est relativement inédit puisque c’est le seul extrait de cet opéra que Karajan ait jamais enregistré. On a pu avoir un doute sur l’identité du chef puisqu’Elisabeth Schwarzkopf avait elle-même affirmé au musicologue Richard Osborne qu’elle était alors dirigée par Rudolf Moralt (1902-1958). Or, vérification faite, c’est bien Herbert von Karajan qui est à la baguette, Schwarzkopf ayant vraisemblablement confondu avec la représentation de L’Enlèvement qu’elle avait chantée la veille de l’enregistrement, au Theater an der Wien, effectivement sous la direction de Moralt. La gravure conduite par Karajan, datant précisément du 23 octobre 1946, s’avère très imparfaite en raison d’une prise de son qui rend la voix de la soprano aigrelette, sans que sa souplesse technique époustouflante soit masquée pour autant.


Quant aux autres morceaux présentés dans ce disque, que dire si ce n’est qu’ils sont extraits des plus grandes gravures d’opéras qui existent au disque à ce jour ? Depuis sa parution en microsillon, on sait que la légendaire version des Maîtres chanteurs de Nuremberg est l’un des témoignages qui nous reste du Festival de Bayreuth 1951 (Hans Knappertsbusch dirigeait par ailleurs le Ring et Parsifal). Otto Edelmann (à qui Karajan avait demandé, dès le mois de décembre 1950, de chanter le rôle de Sachs alors qu’il était à peine âgé de 33 ans et qu’il prépara à cet effet pendant plus de six mois !), Erich Kunz (dans le rôle de Beckmesser) et Elisabeth Schwarzkopf (qui incarne Eva) illuminent cet enregistrement passé depuis longtemps à la postérité. Tel est également le cas des légendaires productions de Walter Legge que sont Così fan tutte, La Chauve-souris et Hänsel et Gretel. Sur cette dernière œuvre, pour ceux qui veulent une vision exhaustive de la collaboration entre Schwarzkopf et Karajan, signalons la version presque contemporaine (disque Urania 22.266), chantée en italien, enregistrée par le grand chef autrichien le 10 décembre 1954, à Milan, à la tête de l’Orchestre et des Chœurs de la RAI avec, dans les rôles principaux, Sena Jurinac (Hänsel), Elisabeth Schwarzkopf (Gretel) et Rolando Panerai (Peter). En l’occurrence, pour les quatre opéras mentionnés précédemment, pourquoi se contenter de si courts extraits ? Mieux vaut se précipiter sur les intégrales qui, outre le fait qu’elles bénéficient d’un son tout à fait excellent et d’une présentation fort complète, sont désormais disponibles à petit prix pour notre plus grand bonheur. Pour toutes ces raisons, ce disque ne s’adresse qu’aux inconditionnels de Schwarzkopf et de Karajan qui souhaiteraient posséder une jaquette avec des photographies différentes de celles qu’ils possèdent déjà dans leurs collections...


Sébastien Gauthier

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com