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05/17/2009
Fazil Say : Concerto pour violon « 1001 nuits dans le harem » – Variations sur « Summertime » – Patara Ballet – Alla turca jazz

Patricia Kopatchinskaia (violon), Fazil Say (piano), Burcu Soysev (soprano), Aykut Köserlerli (percussion), Celalettin Biçer (ney), Luzerner Sinfonieorchester, John Axelrod (direction)
Enregistré au Bilkent Concert Hall, Ankara (juin 2005 [Patara Ballet] et en public à Lucerne (20 février 2008 [Concerto]) et au Kioi Hall, Tokyo (octobre 2007 [Variations, Alla turca jazz]) – 62’
Naïve V 5147 – Notice en français, allemand et anglais






Le dernier disque de Fazil Say relève finalement peut-être plus de la variété par ses côtés tape-à-l’œil et creux que de la musique « classique » et est extraordinairement décevant. L’idée de puiser dans ses racines locales ou des cultures différentes son inspiration est des plus louables et a permis d’enrichir souvent le patrimoine musical. Des compositeurs de tous les continents ont tenté l’expérience: Gottschalk, Ives, Revueltas, Villa-Lobos, Takemitsu, Moussorgski, Brahms, Bartók, Xenakis, d’Indy, Ravel, Albéniz, etc. La Turquie se devait évidemment de par sa situation géographique, son histoire culturelle et sa riche tradition syncrétique d’avoir un compositeur pour relever le défi et jeter de nouveaux ponts entre des univers musicaux différents comme Sinan l’a été finalement dans le domaine de l’architecture en variant à l’infini les structures de Sainte-Sophie. Fazil Say, brillantissime et fantasque pianiste né à Ankara (1970) mais vivant à Istanbul, ville carrefour dès ses origines, ambassadeur de l’Union européenne pour le dialogue interculturel, était le candidat idéal puisqu’il se lance depuis plusieurs années dans le rapprochement des thèmes et de l’instrumentation turcs traditionnels, du jazz et de l’héritage musical classique européen. Malheureusement, le résultat proposé dans son dernier disque n’est pas à la hauteur des espérances. Tout est improvisé et bâclé et semble plus le fruit d’un caprice d’adolescent de star internationale que d’une véritable maturation.


Le Concerto pour violon, au titre aguicheur faisant référence aux mille et une nuits comme au harem (pourtant si triste à Topkapi), est le premier de Say pour cet instrument alors qu’il en a d’ores et déjà quatre à son actif pour son instrument de prédilection, le piano, et un pour piano et violon, est d’une banalité consternante. Dans l’enregistrement en public de cette œuvre commandée par l’Orchestre symphonique de Lucerne, qui l’interprète comme il peut sous la direction de John Axelrod, Patricia Kopatchinskaia, excessive en tout, écrase des notes de mauvaise musique de film sans direction ni inspiration ou trisse véritablement, notamment dans le troisième mouvement... Andantino. On navigue comme dans les eaux turbides du fin fond de la Corne d’Or et l’on croit reconnaître de temps en temps des traces bartokiennes, des danses du ventre vulgaires de la Tour de Galata ou des embardées bernsteiniennes, marquées autant par la virtuosité que par la vacuité. Tout y est surligné à l’excès et l’ensemble paraît trop débringué et vain pour emporter l’adhésion, le thème « turc » du dernier mouvement selon la notice, sirupeux à souhait, qui pourrait être aussi moldave que la violoniste et qui est rapidement épaissi par des roulements de caisses et verni par des scintillements de clochettes, constituant finalement une sorte de cerise de mauvais goût sur un gâteau aussi digeste que le Palais de Dolmabahçe.


Le bis fétiche de Say (voir ici), des Variations sur « Summertime », n’arrange pas les choses. Si l’on est séduit par le début, on déchante vite : Say, théâtral, frappe comme un sourd transformant son piano en véritable bastringue. Le Patara Ballet (2005) qui suit est un quatuor où la soprano incarne l’amour, la flûte ney l’Orient et le piano l’Occident – tous les poncifs sont là – tandis que les percussions sont en principe chargées de rapprocher ces mondes... si proches si loin. Il s’agit d’une partition de ballet comme son nom l’indique, inspirée de la Sonate pour piano en la majeur (K. 331) de Mozart, mais bien peu terpsichoréenne. La voix très incertaine de Burcu Soysev, qui se veut aussi planante que le ney de Celalettin Biçer, seul intérêt de la pièce, ou celle qui se plaint sans fin dans la Troisième symphonie de Gorecki, ne sauve pas les 26 minutes de l’ennui. Au moins est-ce un appel à s’enivrer d’authentique musique soufie (disques Ocora). Avec Alla turca jazz, on revient au jazz, aux bis et à l’improvisation. C’est brillant et peu original mais heureusement court (1’50).


Le site de Fazil Say


Stéphane Guy

 

 

 

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