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04/22/2009
Georg Friedrich Haendel : Suites N° 3, 4, 7 & 8
Evgeni Koroliov (piano)
Enregistré à Stuttgart (2007) – 78’
Profil Hänssler PH08033 (distribué par Intégral)





Les Livres de Suites de Haendel sont souvent fréquentés par les apprentis pianistes, qui n’ont pas trop de grosses difficultés à y maîtriser : des pièces brèves, des tempi modérés, une sollicitation seulement prudente de l’indépendance des mains… Cette gestion du clavier ne présente que peu de parentés avec l’écriture plus musclée de Jean-Sébastien Bach, y compris même quand ce dernier bride sciemment l’ampleur de ses projets à des fins pédagogiques. On reste avec Haendel dans un domaine ludique et plaisant, proche des musiques de ballet qu’il écrit pour certains de ses opéras. Parfois ces danses sont prolongées par un bref système de variations, en général à base de raccourcissement des durées à l’une des mains. En ce cas les effets obtenus sont jolis mais restent bien loin des triturations de thème à chaque fois totalement renouvelées des Variations Goldberg… comparaison sans doute oiseuse mais qui situe bien les limites de cette production haendelienne d’agrément.


En y regardant de plus près, les difficultés de ces pièces sont davantage d’ordre expressif. Conformément à ses habitudes de virtuose de l’orgue et de clavecin, Haendel s’y ménageait probablement d’importantes possibilités d’embellissement, voire des espaces de développement improvisé, qui nécessitent au moins que l’on tente de les réinventer. Une discipline à laquelle les clavecinistes se plient en général naturellement, sur des instruments d’un style adéquat. Au piano, en revanche, tout change, ce qui donne des allures de pari à ce CD d’Evgeni Koroliov, tentative d’acclimatation d’une musique qui n’a, a priori, rien à retirer de particulièrement valorisant d’une telle opération.


Mais on sait aussi que Koroliov dispose d’atouts particuliers : une précision infinitésimale des doigts, une gestion du rythme et de l’avancée d’une minutie quasi-mathématique et des facultés inépuisables de calibrage du son, soit largement de quoi passer des musiques relativement simples dans un prisme qui va y révéler de multiples singularités. Et c’est bien qui se passe au cours de ce long programme, dans un contexte de relative abstraction qui surprend un peu mais auquel on s’habitue. Cela dit, le pianiste reste malheureusement tributaire de son matériel de départ et ne peut rajouter beaucoup de substance aux danses gentiment enlevées de la Suite N° 8. En revanche l’Air de la 3e Suite suivi de ses cinq variations est fascinant, avec ses longues ornementations qui rajoutent un vertigineux suspense à chaque cadence. Intéressante aussi la « petite » Passacaille de la 7e Suite, sans oublier, bien sûr, l’incontournable Sarabande de la Suite N° 4, véritable tube depuis son exploitation insistante par Stanley Kubrick dans le film Barry Lindon. Un aperçu de la musique pour clavecin de Haendel plutôt étrange mais séduisant, complémentaire de l’album irréprochable d’Anne Queffélec paru chez Mirare, un peu moins original dans son approche du son pianistique, mais de haute tenue également.


Laurent Barthel

 

 

 

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