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03/08/2009
Manuel de Falla : El Sombrero de tres picos (Suites n° 1 et n° 2) – Fuego fatuo (arrangement Antoni Ros Marbà)

Marisa Martins (mezzo-soprano), Real Filharmonia de Galicia, Antoni Ros Marbà (direction)
Enregistré à l’Auditorium de Galice à Saint-Jacques-de-Compostelle (septembre 2007) – 73’34
Claves 50-2810 (distribué par Intégral) – Notice en espagnol, anglais, allemand et français






Manuel de Falla (1876-1946) : compositeur andalou commençant sa carrière en écrivant des zarzuelas et ayant voulu achever sa vie dans le silence d’un monastère. Tout est là, dans cette tension, perceptible dès ses premières grandes partitions, pour prendre des références plastiques, entre la fantaisie et la farce goyesques et le hiératisme herrerien. On peut préférer ce dernier aspect de l’œuvre de Falla, celui qui connaît son suprême aboutissement dans le Concerto pour clavecin (1926) par exemple, chef-d’œuvre de jansénisme musical, si l’on peut oser cet oxymore, annonçant comme un choix de silence radical, mais les œuvres les plus connues sont celles, plus faciles, qu’il composa au tournant du début du XXe siècle sous la double influence de Debussy et de Stravinski. Parmi elles, la Philharmonie royale de Galice et son chef, Antoni Ros Marbà, ont retenu les deux Suites du Tricorne (1919), ballet créé à l’initiative de Diaghilev, sous la direction d’Ernest Ansermet, les décors et les costumes étant signés de Picasso. Mais ils ont eu la curieuse idée, quoique plus que louable sur le principe, de compléter leur enregistrement par une œuvre moins connue, Feu follet, tiré d’un opéra comique écrit en 1918-1919, fortement inspiré par des thèmes de Chopin, jamais représenté car refusé partout, à l’orchestration inachevée et arrangé par le chef en personne.


S’agissant du Tricorne, disons-le d’emblée, l’interprétation ne parvient pas à détrôner la gravure historique de son créateur, Ernest Ansermet, à la fin de sa carrière. Dans cet enregistrement, la supériorité de l’Orchestre de la Suisse romande, résultat d’un travail acharné de plusieurs dizaines d’années d’Ansermet, est écrasante. Le jeune orchestre de Galice, qui débuta ses activités en 1996, lancé grâce à une forte impulsion des autorités politiques locales et la direction déterminante d’un « étranger » (Helmuth Rilling) comme pour d’autres orchestres régionaux d’Espagne (celui de la proche Principauté des Asturies, par exemple) semble encore vert et ne fait pas le poids, notamment dans les passages emballés ou solennels comme ceux des apparitions du Corregidor. La clarté du discours, malgré l’ancienneté de l’enregistrement, la variété des couleurs et surtout le sens du théâtre restent chez Ansermet impressionnants de bout en bout. Chez Marbà, si les « Olé » (encadrés de bruyantes castagnettes) des musiciens de l’orchestre, parfaitement incongrus mais résultant d’une commande de Diaghilev pour faire « espagnol », paraissent plus idiomatiques, les scénettes sont enchaînées, avec ses gros effets, sans que l’on sente qu’est racontée une « histoire » et une histoire de surcroît ironique comme l’atteste la citation du début de la Cinquième symphonie de Beethoven. Manque essentiellement le rythme. C’est charmant mais les articulations sont sans finesse, les attaques manquent de tranchant et le Fandango est loin d’être fascinant. Et Marisa Martins, dont les interventions ne sont bien entendu pas déterminantes, est bien coquine mais n’a assurément pas enfin la force de conviction de Teresa Berganza.


Feu follet n’est guère plus convaincant. La partition de départ, qui n’enthousiasma personne à l’époque, n’est semble-t-il pas des meilleures et ne grandit pas son auteur, le jeu consistant à reconnaître les thèmes de Chopin ayant ses limites. On ne saisit pas vraiment de surcroît l’intérêt de l’arrangement des actes I et III en forme de suite, tel que créé en 1976 par Marbà à la tête de l’Orchestre national d’Espagne. La brève tarentelle, presque chambriste, marquée par un retour du piano, est bien plaisante mais l’ensemble ne mène à rien. Marbà croit à l’évidence en cette œuvre et l’on peut le remercier d’être sorti du couplage traditionnel du Tricorne avec les fades Nuits dans les jardins d’Espagne. La déception est malheureusement au rendez-vous.


Stéphane Guy

 

 

 

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