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09/28/2008
Serge Rachmaninov : Suites pour deux pianos n° 1, opus 5 «Fantaisie-tableaux», et n° 2, opus 17
Piotr Ilitch Tchaikovsky : Cinq extraits de «La Belle au bois dormant», opus 66 (transcription Rachmaninov)

Brigitte Engerer, Boris Berezovsky (piano)
Enregistré à Potton Hall en Angleterre (juillet 2006) et au studio Flagey en Belgique (décembre 2007) – 65’ (CD) + 18’ (DVD bonus : Confidences à quatre mains, un film de François-René Martin et Corentin Leconte)
Mirare MIR 070 (distribué par harmonia mundi) – Notice de présentation en français, anglais et allemand



Ce n’est pas pour deux pianos mais pour un seul (joué à quatre mains) que Rachmaninov a adapté en 1891 des extraits du ballet de Tchaïkovski La Belle au bois dormant, une transcription que les deux complices Berezovsky & Engerer livrent, depuis longtemps, en concert (voir ici). On s’étonnera néanmoins que la notice de Frans C. Lemaire (sous-titrée «Œuvres pour deux pianos»), mettant si bien en valeur les deux Suites de Rachmaninov, mentionne à peine la transcription du ballet de Tchaïkovski. On regrettera surtout qu’alors qu’ils s’y mettent à deux, ils ne donnent qu’une image sage et polie mais parfois un peu pesante (Adagio), endormie («Le Chat Botté et la Chatte Blanche») voire molle («Panorama») d’un ballet auquel Mikhail Pletnev (jouant seul) a pu mettre le feu.


Le charme opère, par contre, pleinement dans les deux Suites pour deux pianos de Rachmaninov, notamment dans la poétique Première suite (1893) dite «Fantaisie-tableaux» où l’alliance de puissance et légèreté des deux pianistes exalte le charme intensément romantique de la «Barcarolle» comme de «La nuit, l’amour», qui paraissent s’écouler de la fontaine d’un Liszt slave (illustrant si bien le poème de Lermontov dont l’épigraphe est inscrit au début de la partition: «La gondole glisse sur l’eau, le temps s’envole avec l’amour / Les flots s’apaisent, la passion ne reviendra plus»). La tension grandit encore dans «Les larmes» où une fièvre semble animer une interprétation aux contours scriabiniens… avant que les interprètes ne réveillent les fantômes de Moussorgski et de Tchaïkovski (dédicataire de l’œuvre) dans des «Pâques» grandioses et déchaînées, toujours justes de ton.


La Seconde suite (1901) ne se situe pas exactement au même niveau (en raison d’une approche moins enflammée et, probablement, d’une concurrence discographique plus soutenue), mais offre tout de même une «Introduction» imposante (… qu’on souhaiterait parfois plus fluide), une «Valse» passionnée, une «Romance» sobre, une «Tarentella» enivrante. En tout état de cause, et comme le donne à voir le sympathique film-documentaire de François-René Martin et Corentin Leconte figurant sur le «DVD bonus» (où l’on assiste tant aux répétitions, ponctuées de fous rires, et aux prises des plages tchaïkovskiennes du disque qu’aux discussions attablées des protagonistes, entre cigarettes et vin rouge), Brigitte Engerer et Boris Berezovsky sont des complices dans la vie comme sur scène. Et cet attachant album russe en témoigne.


Gilles d’Heyres

 

 

 

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