About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

08/21/2008
Pierre Henry : Pulsations – Grande toccata – Utopia – Comme une symphonie, envoi à Jules Verne – Impressions sismiques – Histoire naturelle ou Les Roues de la terre

222’55
Coffret de trois disques Philips 4800289 (distribué par Universal)






Pour célébrer les quatre-vingts ans de Pierre Henry (né le 9 décembre 1927), Philips a réédité trois vinyles «emblématiques» (Messe pour le temps présent, Ceremony, Psychérocksessions) et publie, sous le titre 8.0, un généreux coffret de six pièces inédites (dont trois créations). C’est que l’inventeur de la musique concrète, organisant chaque été des visites sonores de sa résidence parisienne et devenu la référence des DJs avant-gardistes après avoir été l’inspirateur de Maurice Béjart, semble plus jeune et plus prolifique que jamais.


Non seulement il continue de se passionner et de s’amuser, mais l’âge ne l’incite pas à se prendre davantage au sérieux, à l’image de ces cinquante-cinq minutes de Pulsations (2007): une suite bigarrée en douze mouvements enchaînés, dont trois en collaboration avec Michel Colombier: le «Cri» initial et deux remix de Psyché Rock qu’ils avaient cosigné voici plus de quarante ans dans la Messe pour le temps présent («Enclumes», «Cœur» diablement entraînant). Conformément aux promesses du titre, l’élément rythmique domine et les tendances actuelles se font donc entendre, mais c’est en même temps un retour aux sources de la musique concrète: «Soupirs» évoque ainsi ceux de l’«Erotica» de la Symphonie pour un homme seul ou, bien entendu, des Variations pour une porte et un soupir. Au-delà, la joie et l’émerveillement de ces temps héroïques semblent intacts, comme dans «Punition» qui répète en boucle de brefs extraits de la Troisième symphonie de Roussel, laquelle, sur fond de cliquetis ou bruits de bottes inquiétants, en devient militariste et grinçante, ou dans les caquetages comiques de «Poules». Un «Feu» métallurgique, une «Ascension» n’ayant rien à envier aux moteurs d’un aéronef, un «Œil» aux sonorités de didgeridoo et de ferraille, des «Anneaux» futuristes et des «Tremblements» de percussions africaines complètent ce tableau revigorant.


Pas moins de trois autres œuvres – d’une durée totale d’une heure dix! – sont datées de 2007: Grande toccata, Utopia et Impressions sismiques: malgré son titre, la première semble plus méditative ou rhapsodique que motorique; la deuxième est rageuse et violente – ce sont ici des utopies qui triomphent au prix de la lutte –, ménageant d’imperceptibles évolutions dans une succession de continuums d’apparence statique qui rappellent Varèse dans leur mélange de fracas industriel et de sauvagerie brutale; la troisième, sourde évocation fonds terrestres et marins, pourrait fort bien «illustrer» Vingt mille lieues sous les mers.


Précisément, deux ans plus tôt, Comme une symphonie, envoi à Jules Verne (2005), hommage à une grande figure du XIXe succédant à Hugosymphonie et à la Dixième symphonie de Beethoven, avait célébré le centième anniversaire de la mort de l’écrivain, en s’inspirant de six de ses romans, célèbres ou non. «Comme une symphonie», sans doute parce que l’époque de Jules Verne est celle de l’apogée du genre, même si l’utilisation de bribes de symphonies de Bruckner, dont le collage, la répétition et la superposition créent une étrange musique de film d’aventures, apparaît plus inattendue. La référence littéraire suscite un style plus narratif, dès le compte à rebours et la mise à feu dans «De la Terre à la Lune» ou par le bruit de l’eau dans «L’Ile à hélice». Et c’est un suspense haletant qui préside aux «500 millions de la Bégum», quelques interférences et une réverbération caverneuse suffisant à créer le mystère dans «Le Château des Carpates». Puis une horloge infernale et un monstrueux Big Ben jouent la course contre la montre dans «Le Tour du monde en 80 jours», avant le feu d’artifice final de «La Chasse aux météores».


En cinquante-cinq minutes et dix parties enchaînées Histoire naturelle ou Les Roues de la terre (1997) mêle aux animaux («Ouverture aux insectes», «Entomologie», «Oiseaux de terre et ciel») des hélicoptères et une foule, dans une sorte de jungle primitive qui pourrait être celle du Douanier Rousseau («Les Naissances de la vie»). Et la musique, dans tout ça? Elle est omniprésente, que ce soit la voix, ou plutôt les voix, dans «L’Homme - Babel», ou les rythmes du monde dans «Premières funérailles» – un hymne à la vie et à la vitesse (avions, bolides) – et «La Danse des migrations», joyeuse et colorée. Et il n’y a que Pierre Henry pour se lancer des défis tels que la «mise en sons» des «Courbures du globe» (orage et trombes d’eau), de «La dérive des continents» ou d’«Un effet de serre»!


Simon Corley

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com