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07/31/2008
Claude Debussy : Préludes (Premier et Second livres) – Images (Première Série): «Reflets dans l’eau » – Estampes [1]
Frédéric Chopin : Fantaisie en fa mineur, opus 49 [2, 7] – Ballade n° 1, opus 23 – Nocturnes, opus 15 n° 2, opus 27 n° 2 et opus 72 n° 1 – Scherzo n° 2, opus 31 [2] – Etudes, opus 10 n° 3 et n° 5 [7]
Robert Schumann : Papillons, opus 2 – Toccata, opus 7 – Carnaval, opus 9 [3] – Arabeske, opus 18 – Bunte Blätter, opus 99 [4] – Kreisleriana, opus 16 – Novellettes n° 1 et n° 8, opus 21 [6]
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 5 «L’Empereur», opus 73 [5]
Wolfgang Amadeus Mozart : Concertos pour piano n° 17, K. 453, et n° 20, K. 466 [4] – Fantaisie en ut mineur, K. 475 [7]
Johann Sebastian Bach : Fantaisie chromatique et Fugue, BWV 903 [7]

Youri Egorov (piano), Philharmonia orchestra, Wolfgang Sawallisch (direction)
Enregistré à Londres (mai/novembre 1983 [1], juin 1981/juillet 1982 [2], mai 1981 [3], février 1985 [4], mai-juin 1982 [5]), Amsterdam (avril 1978 [6]) et en public à New York (16 décembre 1978 [7]) – 438’50
Coffret de sept disques EMI 50999 2 06351 2 5






Youri Egorov aurait eu cinquante-quatre ans le 28 mai dernier. Cinquante-quatre ans... Au milieu des années 1980, le sida en a décidé autrement et l’on en est donc réduit à célébrer les vingt ans de sa disparition, le 16 avril 1985 à Amsterdam, âgé, comme Dinu Lipatti, de trente-trois ans. C’est cette occasion qu’EMI saisit pour rééditer, sous le titre «The Master Pianist», sa part du legs discographique du pianiste russe, réalisée pour l’essentiel à Londres entre 1981 et 1985.


A ces enregistrements en studio s’ajoute un septième disque consacré à son premier récital à Carnegie Hall, le 16 décembre 1978, avec son superbe programme de Fantaisies – celles de Mozart en ut mineur (1784), sans la Sonate à laquelle elle sert de portique, puis celle de Chopin (1841), mais aussi le diptyque Fantaisie chromatique et Fugue (1725) de Bach – curieusement amputé de la Fantaisie de Schumann et de son troisième bis, alors que les deux premiers – des Etudes de l’Opus 10 (1832) de Chopin – ont été conservés. A vingt-quatre ans, Egorov se situe déjà à son meilleur, y compris par une performance technique qui fait fi des aléas du direct. Et tout le prix de ce live tient à ce que sans renoncer à ce style exemplaire se refusant à toute compromission, il se laisse gagner par l’ambiance du concert, avec une urgence et un engagement un peu plus perceptibles que dans le reste de ce magnifique coffret, qui permet d’ailleurs une intéressante confrontation avec une version postérieure de la Fantaisie de Chopin.


Cet ensemble ne comprend certes pas tout, notamment ses Schubert et ses Brahms (Philips), mais justifie pleinement le commentaire de Gidon Kremer cité dans la notice (en anglais, allemand et française): il «a laissé plus de traces dans sa brève vie que beaucoup d’autres qui ont vécu plus longtemps». Ces gravures sont heureusement là pour en témoigner: elles furent unanimement louées en leur temps, mais se souvenait-on qu’elles étaient à ce point somptueuses?


Pourtant, il est parfois dangereux de faire passer des souvenirs aussi forts au crible d’une nouvelle audition. Mais nulle déception ici, car ces interprétations exercent toujours la même attirance, et ce dès les premières plages de l’intégrale des Préludes (1910/1912) de Debussy: y a-t-il aujourd’hui beaucoup de pianistes de vingt-neuf ans qui possèdent un tel sens artistique et une telle hauteur de vue en même temps qu’une si fascinante maîtrise des sonorités et une si vaste palette de couleurs? La nonchalance des «Danseuses de Delphes», le soleil des «Collines d’Anacapri», la puissance symphonique de «Ce qu’a vu le vent d’ouest», la raucité de «La Puerta del vino» – il faudrait les citer tous, car tous lui réussissent. Les Estampes (1903) frappent tout autant et, pour la Première Série (1905) des Images, on en est hélas réduit à imaginer ce qu’aurait pu être, après «Reflets dans l’eau», la réussite des deux autres pièces.


Encore plus légendaires, si cela se peut, sont ses Schumann: Carnaval (1835) d’ombres et lumières, Toccata (1833) jamais mécanique, quintessence poétique schumannienne de l’Arabesque (1839), Kreisleriana (1838) torrentiels ou rêveurs, pimpants Papillons (1831). Comment dès lors ne pas regretter qu’il n’ait laissé que deux des huit Novellettes (1838), compte tenu en outre du cachet qu’il confère à l’intégrale des rares (et, par définition, disparates) Bunte Blätter (1837-1849)?


Ses Chopin – tout est relatif – paraissent légèrement en retrait, tour à tour un rien affectés – trois Nocturnes – ou parfois trop altiers, là où l’on attendrait davantage de simplicité et de naturel; de ce point de vue, la Première ballade (1835) semble préférable au Deuxième scherzo (1837). Enfin, en raison de la direction pesante et sérieuse sinon prosaïque de Wolfgang Sawallisch, le volet concertant de cette réédition n’est pas le plus convaincant, que ce soit dans les Dix-septième (1785) et Vingtième (1785) de Mozart ou, plus encore, dans le Cinquième «L’Empereur» (1809), dont l’Adagio un poco mosso défie l’entendement par sa lenteur aberrante.


Un site consacré à Youri Egorov


Simon Corley

 

 

 

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