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07/21/2008
Igor Stravinsky : Petrouchka (version de 1947) – Le Sacre du Printemps

Philadelphia orchestra, Riccardo Muti (direction)
Enregistré à Philadelphie (23 février 1981, 25 et 30 octobre 1978) – 66’25
Disque EMI Classics 50999 208762 2 7 – Notice en français de Noël Goodwin (traduite de l’anglais par Muriel Streisfeld)






Muti dans Stravinsky ? Pourquoi pas… On sait que le chef napolitain n’est attaché à aucun répertoire particulier et, ses derniers concerts parisiens l’ont de nouveau illustré, qu’il jongle aussi bien avec Porpora, Bruckner et Ravel qu’avec Salieri, Scriabine et Prokofiev. Au-delà de cette diversité parfaitement assumée, force est de constater que Stravinsky ne relève tout de même pas de ses compositeurs de prédilection ; seul Le Baiser de la fée figure de façon assez régulière aux programmes qu’il dirige… A la fin des années 1970, Riccardo Muti s’apprêtait néanmoins à enregistrer deux autres chefs-d’œuvre d’Igor Stravinsky à la tête de l’orchestre de Philadelphie, dont il devait prendre les rênes à compter de 1980, succédant ainsi à Eugene Ormandy.


Composé au cours de l’année 1910 à l’attention des ballets russes de Diaghilev, le ballet Petrouchka fut créé par Pierre Monteux en juin 1911, au Théâtre du Châtelet. Si la danse fut très applaudie (Vaslav Nijinski tenait le rôle de Petrouchka tandis que Tamara Karsavina officiait dans celui de la ballerine), la musique reçut un accueil des plus mitigés. La version généralement interprétée, et ici enregistrée, date de 1947 (la partition ayant été révisée cette année là avant de l’être une seconde fois en 1965).


Dès le début, l’intention de Riccardo Muti est claire : privilégier la démonstration orchestrale sur les couleurs d’une partition qui incite pourtant à mettre en exergue les atmosphères suggérées par le compositeur. Ainsi, le premier tableau est introduit par un pupitre de violoncelles d’une parfaite cohésion mais dont la verdeur exclut la moindre séduction sonore. De même, au troisième tableau, le climat langoureux de la séquence « Chez le Maure » et le côté sarcastique de la « Valse (la ballerine et le Maure) » font totalement défaut. Nerveuse, l’interprétation privilégie les arêtes tranchantes et se caractérise surtout par une précipitation quelque peu regrettable qui convient assez peu à l’histoire ainsi narrée. Si la conception du chef est critiquable, l’excellence des instrumentistes n’est, en revanche, absolument pas en cause : la rondeur des cordes (notamment dans la « Danse des nounous » au quatrième tableau), les performances techniques des percussions et des vents (le basson ou la trompette !), la précision rythmique sont au rendez-vous, permettant à l’auditeur de se laisser parfois plonger dans une plénitude sonore extrêmement flatteuse (la « Danse des cochers et des palefreniers » est très illustrative à cet égard…).


Deux ans et demi plus tôt, Riccardo Muti s’attaquait à un pilier du répertoire en enregistrant Le Sacre du Printemps. Composée en 1911 et 1912, là encore à l’attention des ballets russes, cette « série de cérémonies de l’ancienne Russie » (pour reprendre les termes de Stravinsky lui-même) fut créée en mai 1913 au Théâtre des Champs-Elysées dans une atmosphère scandaleuse restée célèbre. Si Muti déçoit franchement dans Petrouchka, force est de constater qu’il convainc plutôt dans Le Sacre. D’emblée, on sent que rien n’est laissé au hasard, la musicalité justifiant la moindre inflexion demandée à l’orchestre. Dès l’introduction de « L’Adoration de la terre », le léger ralentissement effectué par le basson, prolongé dans une douce harmonie par un cor anglais séduisant au plus haut point, baigne l’œuvre dans une atmosphère mystérieuse idoine. Si l’on peut regretter le manque de violence dans la « Glorification de l’élue » ou le caractère un peu précipité du « Jeu du rapt », on reste ébloui, en revanche, par le soin donné aux enchaînements (celui entre le cor et la flûte à 1’40’’ dans « Les Augures printaniers - Danse des adolescentes ») et à l’ambiance instaurée (l’introduction de la deuxième partie). Même si cette version n’atteint pas les sommets de Monteux ou Boulez (entre autres), elle demeure tout à fait recommandable, servie par une machine orchestrale digne d’éloges.


Sébastien Gauthier

 

 

 

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