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06/01/2008
Georg Philipp Telemann : Trio en ut mineur pour flûte, hautbois et basse continue
Georg Friedrich Haendel : Concerto pour harpe en si bémol majeur, opus 4 n° 6, HWV 294 (version pour clavecin)
Johann Sebastian Bach: Cantate “du café” « Schweigt stille, plaudert nicht », BWV 211 – Cantate « Auch mit gedampften schwachen Stimmen », BWV 36
Antonio Vivaldi: Concerto pour flûte et orchestre “Il Gardinello” en ré majeur, RV 90 –Concerto pour trois violons, cordes et basse continue en fa majeur, RV 551

Chamber music society of Lincoln center: Sari Gruber (soprano), John Aler (ténor), Christopheren Nomura (baryton), Carol Wincenc, Tara Helen O’Connor (flûte), StephenTaylor (hautbois), Ani Kavafian, Ian Swensen, Joseph Silverstein, Yoon Kwon, David Kim (violon), Lily Francis, Beth Guterman (altos), Julie Albers, Colin Carr, Priscilla Lee (violoncelle), Daxun Zhang (contrebasse), Kenneth Cooper (clavecin et direction)
Enregistré à New York, Alice Tully Hall (8-10 décembre 2006) – 81’54
Deutsche Grammophon 477 6739 (disponible exclusivement par téléchargement)





On se demande parfois si certains enregistrements méritent d’être publiés, soit qu’ils viennent encombrer une discographie déjà foisonnante, soit qu’ils sont musicalement très en-deçà de ce que le mélomane est en droit d’attendre. Ce disque, reflet d’un concert donné à la fin de l’année 2006, est, malgré lui, la parfaite illustration de ces deux écueils.


Georg Philipp Telemann (1681-1767) fut un compositeur prolifique. Parmi les 150 trios qu’il a composés et qui sont parvenus jusqu’à nous, on compte notamment six Sonates en trio pour flûte à bec ou violon et hautbois, avec basse continue. Publié en 1731-1733, à une époque où le compositeur, définitivement installé à Hambourg, jouit d’une position enviable (depuis 1721, il est cantor de l’école Saint-Jean et directeur de la musique dans les cinq principales églises d’une ville qui compte alors plus de 80 000 âmes), ce recueil n’a pas de véritable unité : comme cela se faisait fréquemment, ces trios étaient composés pour différentes occasions et publiés sous un seul numéro d’opus par l’éditeur. Egalement inspirés du style français et des sonates da chiesa de Corelli, le Trio en ut mineur qui ouvre ce disque est composé pour flûte traversière et hautbois, instruments solistes, et basse continue (violoncelle et clavecin). Carol Wincenc (professeur de flûte à la Julliard School of Music de New York), Stephen Taylor (hautboïste solo de l’Orpheus Chamber Orchestra), Colin Carr (professeur de violoncelle à la Stony Brook University de New York) et Kenneth Cooper (claveciniste mais également chef d’orchestre et musicologue) donnent une interprétation très inégale des quatre mouvements (Largo, Vivace, Andantino et Vivace). Poussive et maniérée dans les mouvements lents, plus convaincante dans les deux mouvements rapides, elle est surtout marquée par une certaine brutalité dans le toucher du clavecin, notamment dans le premier Vivace, et par le caractère trop haché du second.


La deuxième œuvre proposée est l’adaptation pour clavecin du Concerto pour harpe en si bémol de Georg Friedrich Haendel (1685-1759). Donné en première audition en février 1739 avec le célèbre concerto Alexander’s Feast, il est destiné à la harpe mais, lorsque l’instrument faisait défaut, la partie soliste était confiée au luth ou à l’orgue. Comme pour l’interprétation du trio de Telemann, on regrette là encore l’absence de toute chaleur musicale en raison d’un discours généralement trop analytique de la part de Kenneth Cooper. L’accompagnement est toujours appuyé alors que la délicatesse devrait être le véritable fil conducteur de l’œuvre comme le prouvent l’intervention des flûtes (originellement les hautbois) ou le jeu requis des cordes (qui n’interviennent qu’en pizzicati). La justesse faisant également parfois défaut, notamment au début du deuxième mouvement, on en restera sans hésitation à la version dirigée par Trevor Pinnock avec Ursula Holliger à la harpe (Archiv Produktion) ou à celle pour orgue donnée par Bob van Asperen et l’Orchestre de l’âge des Lumières (Virgin Veritas).


Le concert se poursuit avec deux œuvres chorales. La Cantate du café fut composée par Jean-Sébastien Bach entre 1732 et 1734. Le prétexte du morceau est une conversation entre un père et sa fille, le premier reprochant à la seconde de boire du café ; si elle arrête cette consommation, le père lui promet de lui trouver un époux. Une fois le marché accepté, le père se rend compte du tour que lui a joué sa fille, celle-ci ayant en effet fait insérer dans le contrat de mariage une clause empêchant à son mari de s’opposer à ce qu’elle boive du café à l’avenir ! Si le chant doit effectivement être léger, Sari Gruber (soprano), John Aler (ténor) et Christopheren Nomura (baryton) offrent, en l’espèce, une vision quelque peu caricaturale de cette cantate. Interprétant leurs airs à la limite de la vulgarité, ils ne convainquent à aucun moment, davantage concernés par leurs probables minauderies (comme semblent le prouver les rires du public) que par la probité de leur chant. Quant à la Cantate BWV 36 « Auch mit gedampfen schwachen Stimmen », vraisemblablement composée entre 1724 et 1728, elle offre également une vision fort éloignée de ce que l’interprétation baroque et le bon goût réclament…


Deux concertos d’Antonio Vivaldi (1678-1741) concluent ce disque. Le premier n’est autre que le célèbre Il Gardinello (Le Chardonneret), qui fait partie des six concerti de l’Opus 10 composés par Vivaldi en 1728. C’est une période où Vivaldi écrit de plus en plus pour la voix et abandonne peu à peu le répertoire purement instrumental dont les pages de gloire sont antérieures à 1725 pour l’essentiel. La partie soliste est confiée à une flûte à bec (à une flûte traversière dans le présent disque) qui, comme souvent chez Vivaldi, s’illustre tout autant dans la virtuosité des mouvements rapides que dans la délicatesse du largo central. Si ses qualités techniques ne sont pas en cause, le jeu de Carol Wincenc est en revanche trop fréquemment affecté au point de confiner parfois au ridicule : accélérations soudaines, ralentis excessifs, changements de style dans une même phrase (le début du Largo est révélateur à cet égard). C’est dommage car l’accompagnement se révèle, en règle générale, fort attentionné et plutôt agréable à écouter. Le Concerto pour trois violons en fa, pièce très connue du compositeur vénitien, oppose surtout des solistes qui conversent entre eux, à peine troublés par un léger accompagnement orchestral. Si cette version est honorable, elle ne fait aucune ombre aux concurrentes (notamment Il Giardino Armonico chez Teldec).


Le site de la Société de musique de chambre du Lincoln centre


Sébastien Gauthier

 

 

 

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