About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

05/27/2008
Béla Bartók : Quatuors à cordes n° 1, op. 7, Sz. 40, n° 2, op. 17, Sz. 67, n° 3, *Sz. 85, n° 4, *Sz. 91, n° 5, Sz. 102, et n° 6, Sz. 114

Quatuor Belcea : Corina Belcea-Fischer, Laura Samuel (violon), Krzysztof Chorzelski (alto), Antoine Lederlin (violoncelle)
Enregistré à Potton Hall, Suffolk, Angleterre (1er-5 avril, *28 juillet-2 août 2007) – 156’28
Deux disques EMI Classics EMI 0946 3 94400 2 3 – Notice de présentation en anglais, allemand et français





Une intégrale du corpus emblématique des Quatuors de Bartók semble une gageure pour un quatuor jeune par rapport à l’âge de ses membres, mais, fondé en 1994, premier prix des concours de Bordeaux et d’Osaka en 1999, le Quatuor Belcea aborde la période de sa pleine maturité et en donne ici une preuve éloquente. Ces Quatuors ont assez rapidement pris place dans son répertoire, en commençant dès 1994 par le Sixième, œuvre imposée au London String Quartet Competition, et les Belcea donnent la forte impression d’être tout à fait en phase avec l’esprit qui anime en profondeur l’ensemble du cycle. Ils en proposent une lecture précise et pénétrante, réservant à chacun des six une attention soignée au soutien de l’évolution des aspirations musicales et des intentions du compositeur, révélatrice à l’occasion de préoccupations extramusicales aux différentes époques de la composition. Ils y apportent une fraîcheur acérée et une respiration ample.


Les quatre instrumentistes ont chacun des qualités propres qui embellissent l’ensemble – le premier violon volontaire et incisif, le second en étroite collaboration efficace, l’alto généreux et le violoncelle souple et imposant. Cependant, ce qui frappe en premier lieu, c’est l’unité de l’ensemble. Les quatre voix n’en font qu’une. Un même esprit les anime, la musique naît d’un même élan et cette cohésion parfaite intensifie le flux de la continuité logique des différentes partitions quels qu’en soient les contrastes et les retournements, les rythmes et les accélérations, les exigences techniques et l’extraordinaire relief des intensités. Sans jamais qu’ils ne forcent le trait, l’équilibre de leur entente permet l’ancrage de la tension particulière, la concentration toute bartokienne qui sous-tend en permanence les six Quatuors, transcendant la violence d’un mouvement rageur ou la légèreté d’un motif à l’ironie mordante tout comme la douceur d’une phrase élégiaque.


La vision interprétative du Quatuor Belcea ancre fermement l’ensemble des Quatuors dans un XXe siècle explorateur et c’est une option qui convient tout à fait à un Bartók qui se détache d’un passé plus romantique pour réaliser, sans renier ce passé, une synthèse remarquable entre les principes théoriques et les tendances expressives, voire expressionnistes, de ses contemporains et les apports raisonnés de la musique traditionnelle, son essence parfaitement intégrée. La sonorité spécifique, la virtuosité, la souplesse et les qualités individuelles des Belcea se déploient au service du caractère différent de chaque Quatuor. Ils réussissent tout particulièrement l’enchaînement de techniques et de traits innovateurs (Allegro molto capriccioso du Deuxième ou Mesto – Vivace du Sixième), et les rythmes et envolées rhapsodiques de caractère traditionnel passé par le prisme du compositeur (l’Allegro vivace du Premier ou l’étonnant Scherzo du Cinquième, ou encore les pizzicati boiteux de l’Allegro du Troisième ou la Marcia sardonique du Sixième). Réussis également sont les passages pianissimo, feutrés et d’une concentration contenue (Lento du Deuxième, premier Scherzo avec sourdines du Quatrième, Andante du Cinquième), ainsi que le lyrisme de certains solos, le violoncelle puissamment éloquent lors des Quatrième et Cinquième. Malgré la distance qu’imposent des indications telles senza colore, lontano, les Belcea donnent du Sixième un éclairage plus rageur que résigné, sans en réduire toutefois son expressivité douloureuse dû à ce moment pénible de l’exil imposé.


Pour tel ou tel Quatuor, certains leur préfèreront les Hongrois ou les Végh ou d’autres encore mais il n’empêche que cette intégrale prise dans son ensemble atteint le niveau des meilleures et, tout en méritant l’attention des fervents de Bartók, ferait une voie d’approche convaincante pour les novices éventuels.


L’excellente notice du critique musical britannique Rob Cowan donne un aperçu d’ensemble des Quatuors eux-mêmes. La préface est de l’Institut culturel de Roumanie – Corina Belcea-Fisher est originaire de ce pays et le Quatuor Belcea est la formation en résidence à l’Atheneum roumain de Bucarest depuis qu’il y a donné en 2003 un concert comportant trois des Quatuors de Bartók.


Ce cycle est à l’agenda des Belcea cet été, qui en donneront l’intégrale à Edimbourg et à Genève en août, à Londres et à Stockholm en septembre, et, en août également, les trois premiers au festival de Valloires (Argoules) et les trois derniers au festival de musique de chambre de Delft.


Le site du Quatuor Belcea


Christine Labroche

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com