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05/03/2008
Jean-Sébastien Bach : Magnificat en ré majeur, BWV 243
Georg Friedrich Haendel : Dixit Dominus, HWV 232

Natalie Dessay (soprano I), Karine Deshayes (soprano II), Philipe Jaroussky (alto), Toby Spence (ténor), Laurent Naouri (basse), Le Concert d’Astrée, Emmanuelle Haïm (direction)
Enregistré à la Paroisse Notre-Dame du Liban, Paris (26–29 octobre 2006) – 56’06
Virgin Classics 00946 395241 2 9 – Notice (en anglais, français, allemand) de Jean-François Lattarico (distribué par EMI)





Encouragée par Christophe Rousset et William Christie, Emmanuelle Haïm s’est lancée dans la direction d’orchestre avec une rapidité qui n’a d’égale que la réussite obtenue, tant au concert qu’au disque. Son dernier disque, publié comme les précédents chez Virgin, est consacré à deux œuvres phare de la musique religieuse baroque : le Magnificat de Bach et le Dixit Dominus de Haendel.


Conçu comme une louange à la Vierge, le Magnificat fut composé durant l’hiver 1723. Remanié à partir de la fin de l’année 1732 (la tonalité initiale de mi bémol devenant majeur, l’orchestre s’étoffant par l’ajout de flûtes traversières), cette nouvelle version fut vraisemblablement donnée pour la première fois le 2 juillet 1733 : c’est celle qui est aujourd’hui universellement connue. L’interprétation de ce chef-d’œuvre a été considérablement renouvelée au cours des dernières années, notamment en raison de la question controversée des effectifs nécessaires: contrairement à Paul McCreesh chez Archiv, qui confie chaque voix du chœur à un seul intervenant, Emmanuelle Haïm fait ici appel aux chœurs étoffés de son fidèle ensemble, Le Concert d’Astrée). Si l’affiche de solistes laisse rêveur (Natalie Dessay, Karine Deshayes, Philipe Jarrousky, Toby Spence et Laurent Naouri), force est de constater qu’un assemblage de chanteurs, aussi talentueux soient-ils, ne donne pas pour autant lieu à une bonne version. Alors que les parties chorales sont plutôt convaincantes (davantage d’ailleurs en raison des instrumentistes que du chœur qui manque à chaque fois de cohésion, notamment entre les altos et les ténors), les parties solistes déçoivent presque toutes. Si Karine Deshayes chante avec une grande probité son «Et exsultavit spiritus meus, Natalie Dessay (dans le «Quia respexit») et surtout Laurent Naouri («Quia fecit mihi magna») semblent ici totalement hors de propos. Les deux chanteurs abordent leurs parties de manière trop opératique au détriment du climat religieux qui doit évidemment s’imposer dans une telle œuvre. Franchement décevant dans son aria «Deposuit potentes», son discours étant tantôt top haché, tantôt trop lié, le ténor Toby Spence est en revanche d’une parfaite justesse dans l’aria «Et misericordia», accompagné il est vrai par un Philippe Jaroussky irréprochable à chacune de ses interventions. Au total, cette version n’est pas de nature à remettre en cause la suprématie d’un John Eliot Gardiner (Philips) ou d’un Philippe Herreweghe (Harmonia Mundi), pour ne citer que deux versions au sein d’une discographie pléthorique.


En avril 1707, Haendel a vingt-deux ans quand il achève son Dixit Dominus. Fortement influencé par Corelli, il réalise là une œuvre totalement originale mêlant à la fois la créativité des concerti italiens (qu’on écoute la souplesse et l’imagination des mélodies confiées à l’orchestre!) et la fusion entre certains éléments tirés de la liturgie allemande et l’inspiration venue de certains compositeurs comme Stradella ou Colonna. Emmanuelle Haïm, dont on sait qu’elle est une excellente interprète de Haendel (voir notamment les splendides Arcadian Duets également parus chez Virgin), est ici plus à son aise que chez Bach. Si les solistes sont globalement meilleurs (notamment Natalie Dessay dans le périlleux «Tecum principium» qu’elle chante avec la simplicité qu’on aurait également souhaitée chez Bach), c’est surtout le chœur qui semble ici davantage dans son élément. Dans une partition où ils détiennent constamment le premier rôle, les chanteurs du Concert d’Astrée se livrent à fond, font preuve d’une grandeur et d’une harmonie constantes (ainsi de «Judicabit in nationibus» au milieu du «Dominus a dextris tuis»). L’orchestre, vigoureusement conduit par Emmanuelle Haïm, est très bon même si on peut regretter certains partis pris (notamment l’importance excessive donnée aux bassons et à la basse continue). Si cette version n’a pas à rougir, elle demeure néanmoins en-deçà des témoignages laissés notamment par John Eliot Gardiner (Philips), Marc Minkowski et Simon Preston (tous deux chez Archiv).


Sébastien Gauthier

 

 

 

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