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04/27/2008
George Frideric Handel : Messiah
Susan Gritton (soprano), Sara Mingardo (alto), Mark Padmore (ténor), Alastair Miles (basse), Tenebrae Choir, Orchestre Symphonique de Londres, Sir Colin Davis (direction)
Enregistré au Barbican Hall de Londres (10 & 12 décembre 2006) – 146’10 (SACD) + 50’50 (DVD)
SACD LSO Live LSO0607. 2 (distribué par harmonia mundi) – Présentation trilingue, texte en anglais


Faut-il blâmer sir Colin Davis de s’en tenir, pour ce Messie, à un style auquel les « baroqueux » ont porté le coup de grâce, de ne pas résister, par exemple, aux rondeurs du legato ? Non. La magnifique Passion selon saint Matthieu de Herbert von Karajan cohabite parfaitement avec les versions à l’ancienne. A moins d’être un ayatollah de l’authenticité, on n’a donc aucune raison de rejeter a priori les choix du chef anglais, qui se situe dans la grande tradition de l’oratorio anglais sans confondre pour autant Handel et Elgar : pour être traditionnelle, sa lecture n’est pas vraiment victorienne, comme celle d’un sir Thomas Beecham autrefois. Rien de monumental ni d’empesé. Et pourtant nous ne sommes pas vraiment convaincu. Ses prédécesseurs avaient une conception dramatique, voire théâtrale de la partition qui lui donnait, qu’on le veuille ou non, du relief. Sir Colin Davis, lui, semble diriger avec des gants blancs, dans un souci permanent d’une sorte de juste milieu, lissant les contrastes et polissant la musique - le DVD avec des extraits du concert montre tout le monde imperturbablement british. C’est au demeurant de la belle ouvrage, un produit impeccablement fini. On se trouve en excellente compagnie : rien ne manque, rien ne dépasse. Justement : on aimerait un peu de verdeur champêtre dans la pastorale, un peu de jubilation dans la joie polie de l’Alleluia, un peu de mystère dans les ténèbres de « For behold, darkness shal cover », plutôt que ce rien de trop de bon ton.


Les solistes adhèrent aux options du chef : Susan Gritton fait de fort jolies choses, notamment dans « I know that my Redeemer liveth », tout en manquant un peu de brillant dans la virtuosité de « Rejoice greatly ». L’impeccable Sara Mingardo paraît trop neutre dans des airs où Handel a mis beaucoup d’émotion, à commencer par « But who may abide ». Alastair Miles, en revanche, à l’aise sur toute la tessiture d’un emploi où grave et aigus sont également sollicités, se signale à la fois par une certaine grandeur et une réelle agilité, en particulier dans « The trumpet shall sound ». Des quatre solistes, c’est cependant le ténor Marc Padmore que nous préférons, dès son « Comfort ye, my people » : le timbre est beau, le chant coloré et sans fadeur, le texte habité.


Et puis… il y a cette version du Messie que Colin Davis enregistra en 1967 avec le même orchestre et des solistes plus engagés. Alors que la vague baroque n’avait pas encore déferlé, cette interprétation constitua une petite révolution philologique, par sa fraîcheur, sa verve, son souci de dépoussiérer la tradition sans la dynamiter. Le chef ne fait pas mieux aujourd’hui et l’on restera fidèle à cette première tentative, malgré les toutes les qualités du superbe Tenebrae Choir. Rien n’est plus difficile, au disque, que de récidiver.


Didier van Moere

 

 

 

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