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02/20/2008
Henk Badings : Symphonie n° 9 – Concerto pour alto – Largo et Allegro – Sérénade

Gordan Nikolitch (alto), Orchestre d’Auvergne, Arie van Beek (direction)
Enregistré à Vichy (2006) – 58’30
Polymnie POL 620 245 (distribué par Intégral)



Après Schoeck, Britten, Hartmann et Henze, l’Orchestre d’Auvergne, en grande forme sous la direction d’Arie van Beek, rend un puissant hommage à Henk Badings (1907-1987), compositeur néerlandais prolifique, encore trop rare au concert comme au disque.


Parmi les œuvres pour cordes de Henk Badings, Largo et Allegro, la plus ancienne interprétée ici, remonte aux années 1930, au moment où l’élève de Willem Pijper prenait son essor, professeur à son tour au Muzieklyceum d’Amsterdam. La Neuvième symphonie et le Concerto pour alto, les deux œuvres des années 1960, viennent après une période d’intense expérimentation autour de la musique électroacoustique, de la composition assistée par ordinateur et des micro-intervalles – la gamme de trente et un sons de Fokker – période qui, à l’exception de pièces strictement électroacoustiques, laisse son empreinte sur ses compositions plutôt dans la maîtrise des formes et des matériaux et dans la solide complexité des armatures sonores que dans un langage innovateur immédiatement apparent et peut-être attendu. La Sérénade de 1985, toujours dans la tradition élargie, garde la même puissance et la même originalité.


L’écriture pour cordes de Badings, rigoureuse, percutante et expressive, prend appui tout à la fois et parfois simultanément sur la mélodie, les cellules rythmiques insistantes et le contrepoint le plus élaboré. Elle exige des interprètes une certaine virtuosité et une grande souplesse au niveau des techniques instrumentales. On ne prend pas en défaut sur ces points l’Orchestre d’Auvergne des grands jours et son chef Arie van Beek qui sait maintenir l’énergie vibrante, la précision et la grande clarté nécessaires aux riches textures que créent les pupitres souvent divisés. Les compositions ont en commun un mouvement kaléidoscopique – des glissements de gemmes aux arêtes vives et aux éclats prismatiques de couleur intense qui se cristallisent soudain en motifs limpides aux climats changeants ou se concentrent dans l’essor d’un éloquent thème mélodique.


Si le Largo et Allegro de 1935 révélait déjà le potentiel de Badings et la Sérénade de 1985 en démontre la parfaite maîtrise, l’œuvre la plus accomplie des quatre est sans doute la Neuvième symphonie (1960), symphonie pour cordes. Elle est en trois mouvements contrastés aux effets sonores recherchés et innovateurs. Le premier, après une introduction tout en bruissements instables, mêle traits sauvages et mélismes poignants, grondements et pizzicati impétueux alors que le deuxième développe un chant polyphonique proche de l’élégie avant que le vol d’oiseaux de deux violons solos ne le précipite dans un tuilage tumultueux sur continuo de contrebasses tout à fait remarquable. Suit la bourrasque tourbillonnante du troisième mouvement tout empreinte d’un optimisme fugace.


Le Concerto pour alto débute en chuchotements rapides, frémissant éveil à la vie, cela tout comme la Symphonie dont il atteint les mêmes hauteurs grâce en partie à l’interprétation virtuose, convaincante et inspirée de Gordan Nikolitch, qui, comme Josef Suk, abandonne parfois son violon pour l’alto. Comme pour la Symphonie, on peut remarquer l’importance accordée à la beauté mélodique des thèmes, aux rythmes structurels et aux conclusions discrètes, souvent inattendues par la nature même des développements organiques de Badings, mais dont la logique est soudain une évidence.


Gordan Nikolitch, autrefois premier violon de l’orchestre, occupe actuellement ce même poste à l’Orchestre symphonique de Londres. Une mention spéciale s’impose pour la qualité de la prise de son de Gérard Durantel et pour la direction artistique sans faille de Hisashi Ono, violoncelliste, membre permanent de l’orchestre.


Christine Labroche

 

 

 

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