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10/22/2007
Bruno Maderna : Les trois Concertos pour hautbois
Fabian Menzel (hautbois), Rundfunk-Sinfonieorchester Saarbrücken, Michael Stern (direction)
Enregistré à Saarbrücken (1994/1996) – 56'
Col legno WWE 20037 (distribué par Intégral)


Plus de trente ans après sa disparition prématurée, le vénitien Bruno Maderna continue à cumuler deux situations paradoxales : une place indéniable de compositeur majeur du siècle dernier, que personne ne songe à discuter, et une absence chronique des programmations de concert, y compris même dans les manifestations spécialisées.


Reste donc le disque pour prendre la mesure d’un compositeur majeur, dont quelques mesures suffisent en général pour capter l’attention. Personne ne discutera la complexité d’une musique qui ne cherche jamais à camoufler son appartenance à l’école la plus exigeante de l’après-guerre. Cela dit, Maderna parvient toujours à faire oublier cette apparente rigidité par un sens inné de la vibration, des couleurs, et surtout de la mélodie. Ce mot peut paraître incongru dans un contexte aussi abstrait, mais c’est bien le meilleur terme que l’on puisse trouver pour caractériser ces longues phrases sinueuses et chaleureuses, d’un lyrisme véritablement italien, que l’on trouve à tous les coins de partition chez Maderna.


C’est évidemment dans un contexte concertant que cette omniprésence mélodique peut s’imposer avec un maximum d’efficacité : dans ces trois Concertos écrits à diverses époques le soliste paraît constamment sollicité pour ses qualités les plus éminemment vocales, affrontant d’interminables phrases qui semblent ne jamais vouloir arrêter leurs arabesques, tantôt voluptueuses, tantôt plus dramatiques. Participant activement à l’élaboration de ce paysage changeant l’orchestre évite les effets de masse, assurant une présence marquée mais toujours attentive, qui ne déséquilibre jamais des œuvres remarquablement proportionnées, adepte d’un miraculeux « ni trop, ni trop peu ».


Sur ce dernier aspect, le Troisième Concerto paraîtra un peu moins convaincant, la multiplicité des séquences «aléatoires» venant peut-être brouiller la perception d’ensemble. Pour cet enregistrement soliste et chef se sont apparemment inspirés de la propre version discographique de Maderna. Sur le plan musicologique c’est-là un scrupule louable, mais on peut se demander si l’esprit d’une telle partition n’exigerait pas plutôt de réinventer aujourd’hui ces espaces de liberté en fonction d’une sensibilité musicale qui a forcément évolué.


En l’état, ce sont surtout ici les deux premières oeuvres qui paraîtront de bout en bout convaincantes et dignes de figurer aujourd’hui au grand répertoire. Elles sont défendues ici par un soliste brillant et un orchestre formé de longue date à l’interprétation des musiques du XXe siècle, notamment sous le long mandat de Hans Zender. Ces concertos ont déjà été enregistrés, mais les retrouver aussi bien défendus ne peut qu’inciter à les réécouter, voire à réclamer davantage d’attention pour Bruno Maderna de la part de nos décideurs culturels.


Laurent Barthel

 

 

 

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