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06/27/2007
Wolfgang Rihm : Musik für Oboe und Orchester – Styx unf Lethe – Dritte Musik – Erster Doppelgesang
Alexander Ott (hautbois), Lucas Fels (violoncelle), Gottfried Schneider (violon), Hiromi Fukai (alto), Walter Grimmer (violoncelle), SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg, Hans Zender, Michael Gielen, Jan Latham-Koenig (direction)
Enregistrements : 1994 à 2002, Baden-Baden – 72’
1 CD Hänssler 93.185 (textes de présentation en allemand et anglais seulement) (distribué par Intégral)
Wolfgang Rihm est un compositeur prolixe par nature, au risque de ne pas toujours réussir à remplir de suffisamment de substance les œuvres qu’il produit à une cadence impressionnante (plus de 400 partitions déjà, et pour la plupart de dimensions conséquentes).
La présente Rihm-Edition projette assez courageusement de documenter cette surabondance. Elle s’enrichira d’un à deux volumes supplémentaires chaque année, en effectuant des choix que l’on espère réfléchis, et pas simplement gouvernés par la disponibilité de telle ou telle œuvre dans les catalogues d’archives radiophoniques…
Pour ce premier volume il est en tout cas difficile de prétendre que l’inspiration souffle à un niveau égal au cours de ces 70 minutes de musiques concertantes. Wolfgang Rihm n’a de toute façon guère l’ambition d’y révolutionner nos habitudes d’écoute, mais plutôt de nous envelopper dans un discours douillet, dépourvu d’aspérités gênantes. Des couleurs agréablement changeantes et les persévérations rythmiques relativement régulières nous installent dans une sensation de construction à moyen terme plutôt harmonieuse, encore que toujours teintée d’un rien de mauvais goût latent, l’abus d’une guimauve mélodique et rythmique tout juste camouflée sous des atours pseudo-modernistes devenant ici une sorte de marque de fabrique. Difficile de ne pas capituler devant le vide sidérant de Dritte Musik ou face aux longuettes séquences de trépidation de Styx und Lethe pour violoncelle et orchestre, dont même un vague programme dramatique sous-jacent ne peut suffire à justifier l’ennui. Dans le même style de musiques symphoniques qui flirtent ouvertement avec le déjà entendu ailleurs, Hans Werner Henze, lui au moins, sait préserver l’impression qu’une véritable personnalité de compositeur reste aux commandes, et pas simplement des réflexes de plume automatiques. On apprécie davantage Musik für oboe und Orchester qui sait varier un peu le discours grâce à quelques mutations intéressantes de la couleur de l’instrument soliste et culmine dans un bel effet d’excitation rythmique générale, ou encore Erster Doppelgesang, sorte de double concerto pour violon et violoncelle plutôt bien construit, à défaut d’une substance musicale vraiment conséquente.
Autant Wolfgang Rihm est un musicien qui a des choses intéressantes à dire en musique vocale, voire à l’opéra (on n’en veut pour preuve que la création munichoise récente de Das Gehege, scène dramatique plutôt prenante), autant la musique symphonique révélée par ce CD nous apparaît souvent d’un ennui tristement bavard. Attendons cependant la suite de cette édition pour nous en faire une idée plus complète, encore certains des titres prévus (dont Vers une Symphonie fleuve II et IV) ne rassurent guère…
Laurent Barthel
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