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06/24/2007
Steve Nieve : Welcome to the voice

Sting (Dionysos), Robert Wyatt (L’ami), Elvis Costello (Le commissaire de police), Barbara Bonney (La chanteuse), Sara Fulgoni (Le fantôme de Carmen), Nathalie Manfrino (Le fantôme de Butterfly), Amanda Roocroft (Le fantôme de Norma), Steve Nieve (piano, synthétiseur moog, theremin), Ned Rothenberg (clarinette, saxophone, shakuhachi, flûte basse), Marc Ribot (guitare), Sting (guitare basse électrique), Antoine Quessada (batterie), The London voices, Chœur des amis français, Quatuor Brodsky: Andrew Haveron, Ian Belton (violon), Paul Cassidy (alto), Jacqueline Thomas (violoncelle)
Enregistré à Londres, New York, Paris, … – 70’48
Deutsche Grammophon 477 6524



Après un récent récital Dowland, Sting réapparaît chez Deutsche Grammophon, partageant cette fois-ci avec Barbara Bonney l’affiche de Welcome to the voice, une «rencontre improbable», autant celle de l’ex-chanteur de Police et de la soprano américaine que celle fondant la narration qui se situe au cœur de cet objet musical non identifié, ni opéra de chambre, ni comédie musicale, que la version anglaise se borne d’ailleurs prudemment à qualifier de «work» et qui n’a pas encore connu, à ce jour, de création publique, hormis une lecture du livret à New York en 2000.


Au demeurant, peu importent les qualificatifs, peu importe même que la firme de Hambourg se range désormais parmi les adeptes du «crossover», car celui-ci peut être de qualité. Or, sans vouloir ignorer la bonne volonté des forces en présence, il s’avère difficile, dans ce produit, de départager, lequel, du livret (en anglais, pour l’essentiel, mais aussi en français) de Muriel Teodori ou de la musique de Steve Nieve, est le moins affligeant.


L’action met en scène un métallo d’origine grecque, Dionysos, qui trouve dans sa passion pour l’opéra un moyen d’échapper à sa condition: à la différence de ses camarades, ses héros ne se nomment pas Marx et Gramsci, mais Mozart et Verdi (sic). Après diverses divagations au cours desquelles il voit les fantômes de Carmen, Madame Butterfly et Norma, il finit par rencontrer la diva qu’il vénère pour se joindre à elle en un «duo improbable». Dans un extravagant salmigondis («La mort désirable à l’amoureux épuisé des guerres qu’ils mènent à deux la mort est le plus parfait des aveux»), règne un manichéisme d’une accablante naïveté: les travailleurs rêvent au grand soir, le commissaire de police est brutal, l’art détourne les ouvriers de leur mission révolutionnaire...


Surtout, les présupposés, pour ne pas dire les préjugés, qui sous-tendent le propos, traduisent une philosophie aussi sommaire qu’affligeante: en effet la quête de Sting à la recherche de Barbara Bonney établit une hiérarchie entre ce qui serait noble (l’art lyrique) et ce qui ne le serait pas (la musique populaire), les voix étant d’ailleurs respectivement qualifiées de «sacrées» et de «profanes». Pourquoi l’un devrait-il ainsi faire allégeance à l’autre, alors que chacun, dans son domaine, possède sa pleine légitimité?


Cela étant, comme dans bon nombre d’opéras, la musique aurait pu compenser la faiblesse du livret, mais ce n’est hélas pas de côté non plus que vient le salut. Le problème ne réside pas tant dans le mélange des registres qui constitue l’essence même de ce projet – Barbara Bonney, Sara Fulgoni, Nathalie Manfrino, Amanda Roocroft mais aussi le Quatuor Brodsky, d’une part, Sting et ses musiciens, mais aussi Elvis Costello et Robert Wyatt, d’autre part – que dans la bouillie de poncifs insipides et maladroits dans laquelle se complaît la partition. On ne sait comment les fans de Sting apprécieront sa prestation vocale, notamment sa diction du français, mais les deux autres rôles masculins ont définitivement renoncé à chanter juste – même s’il faut sans doute s’attacher davantage à leur timbre spécifique – tandis que les cantatrices issues de ce que Muriel Teodori appelle la «culture musicale sérieuse» ne se présentent pas sous leur meilleur jour, à l’exception de la vedette Barbara Bonney.


Sous forme de dialogue entre le compositeur et la librettiste, mari et femme à la ville, la notice s’efforce de justifier l’injustifiable en racontant la genèse d’une initiative à laquelle les différents protagonistes sont sincèrement attachés mais qui aurait gagné à demeurer dans la sphère privée.


Le site de Steve Nieve
Le site officiel de Sting
Le site officiel d’Elvis Costello


Simon Corley

 

 

 

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