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06/11/2007
Wolfgang Amadeus Mozart : Vingt-deux Symphonies [1] – Dix-huit Concertos pour piano et Rondo K. 382 – Dix Sonates pour piano – Quinze cycles de Variations pour piano [2] – Cinq Concertos pour violon et Rondo K. 373 [3] – Quatre Concertos pour cor et Rondo K. 371 [1] – Quatuor avec hautbois, K. 368b [370] – Quintette avec clarinette, K. 581 – Concerto pour clarinette, K. 622 – Concerto pour basson, K. 186e [191] – Sérénade n° 13, K. 525 – Trois Divertimenti pour cordes [4] – Concerto pour flûte n° 1, K. 285c [313] (*) – Concerto pour hautbois, K. 285d [314] – Concerto pour flûte et harpe, K. 297c [299] [5] – Sérénades n° 6 et n° 7 [6] – Sérénades n° 10, n° 11 et n° 12 – Quatre Divertimenti pour vents [7] – Six quatuors – Cinq quintettes à cordes [8] – Trois Sonates pour violon et piano – Andante et Allegretto, K. 404 [9] – Dix-huit lieder, cantates et mélodies – Air de concert «Ch’io mi scordi di te?», K. 505 – Exsultate, jubilate, K. 158a [165] (&) [10] – Messe en ut mineur, K. 417a [427] – Requiem, K. 626 (#) [11] – Vesperae de dominica, K. 321 (extraits) [12] – Messe du Couronnement, K. 317 – Vesperae solennes de confessore, K. 339 [13] – Ave verum corpus, K. 618 [14] – Die Entführung aus dem Serail, K. 384 [15] – Le Nozze di Figaro, K. 492 [2] – Don Giovanni, K. 527 [2] – Cosi fan tutte, K. 588 [16] – Die Zauberflöte, K. 620 [17]
Radovan Vlatkovic (cor), English chamber orchestra, Jeffrey Tate (direction) [1], English chamber orchestra, Daniel Barenboim (piano et direction) [2], Berliner Philharmoniker, David Oïstrakh (violon et direction) [3], Gordon Hunt (hautbois), Andrew Marriner (clarinette), Yoshiyuki Nakanishi (basson), Quatuor Chilingirian, London Mozart players, Jane Glover (direction) [4], Jonathan Snowden (flûte), Gordon Hunt (hautbois), Caryl Thomas (harpe), London philharmonic orchestra, Charles Mackerras (*), Andrew Litton (direction) [5], Bath Festival orchestra, Yehudi Menuhin (direction) [6], Consortium classicum [7], Quatuor Heutling, Heinz-Otto Graf (alto) [8], Oleg Kagan (violon), Sviatoslav Richter (piano) [9], Barbara Hendricks (soprano), Maria Joao Pires (piano), Orchestre de chambre de Lausanne, Mika Eichenholtz (direction), Academy of St Martin in the Fields, Neville Marriner (direction) (&) [10], New philharmonia orchestra, Raymond Leppard, Rafael Frühbeck de Burgos (#) (direction) [11], Cambridge classical players, Stephen Cleobury (direction) [12], Symphonieorchester des bayerischen Rundfunks, Eugen Jochum (direction) [13], Philharmonia orchestra, Herbert von Karajan (direction) [14], Wiener Philharmoniker, Josef Krips (direction) [15], London philharmonic orchestra, Bernard Haitink (direction) [16], Orchester der bayerischen Staatsoper, Wolfgang Sawallisch (direction) [17]
Enregistré de 1955 à 1993 – 3409’19
Coffret de cinquante disques EMI 3 87894-2



Face à un marché du disque dont l’évolution ne laisse pas d’étonner, EMI s’inscrit dans la veine des intégrales Brilliant en proposant des coffrets de cinquante disques au «prix public conseillé» de 50 euros: après Beethoven, ce sont désormais Mozart et Schubert qui font l’objet d’une telle édition. A la différence de Brilliant, EMI peut compter sur la richesse de son fonds mais ne vise pas à l’exhaustivité, se contentant de présenter... «l’intégrale des chefs-d’œuvre» (sic) de ces compositeurs, la version anglaise se contentant plus sobrement de l’expression «The collector’s edition» et précisant, en sous-titre, «The masterpieces – The greatest artists». De fait, face à une telle somme – près de cinquante-sept heures de musique, soit une généreuse moyenne de soixante-huit minutes par disque – deux approches complémentaires peuvent être utilisées: selon les œuvres ou bien selon les interprètes.


La première conduit à examiner la sélection des œuvres opérée par EMI: au-delà des contraintes de son catalogue, de la subjectivité inhérente à ce type d’exercice et de la nécessité d’atteindre précisément le chiffre de cinquante disques, certains choix n’en paraissent pas moins contestables. Ainsi, avec sept disques de symphonies, huit de concertos pour piano et trois de variations pour piano, auxquels s’ajoutent l’intégrale des concertos pour violon et pour cor ainsi que de nombreux divertimenti et sérénades, la notion de «chef-d’œuvre» se révèle particulièrement extensive. A contrario, certains genres sont complètement exclus – pièces brèves pour piano, trios et quatuors avec piano, musique (explicitement) maçonnique, sonates d’église, menuets et contredanses, ensembles vocaux – et l’on peut déplorer, isolément, des manques regrettables: l’Adagio et Fugue en ut mineur, le Quintette pour instruments à vent et piano, le Trio «des quilles» ou même La Clémence de Titus.


De même, on ne trouvera qu’un seul air de concert et six quatuors à cordes: pour ceux-ci, l’incohérence est d’ailleurs à son comble, car on voit mal pourquoi le premier des six quatuors dédiés à Haydn a été omis alors que les cinq autres ont été retenus... Enfin, si le souci d’exhaustivité prédomine généralement – ni le mouvement lent alternatif de la Trente et unième symphonie, ni le Menuet facultatif de la Trente-quatrième ne sont ainsi oubliés – seuls trois extraits des Vêpres du dimanche sont repris tandis que la volonté de faire tenir Les Noces de Figaro et Don Giovanni sur deux disques chacun a pour conséquence de les mutiler de bon nombre de leurs récitatifs.


Les interprétations font la part belle aux formations anglaises (Orchestre de chambre anglais, London Mozart players, Orchestre du Festival de Bath, Philharmonia, Philharmonique de Londres, Académie de St Martin in the Fields) et puisent dans le riche vivier d’EMI – Barenboim, Hendricks, Menuhin, mais aussi Oïstrakh, Richter et même Karajan pour les quatre minutes de l’Ave verum corpus – riche pour peu que l’on fasse abstraction des «baroqueux», totalement absents. Cela étant, la firme britannique, probablement pour des raisons de stratégie commerciale, n’a manifestement pas souhaité regrouper ici tous ses trésors mozartiens, ce qui aurait pourtant fait de ce coffret une véritable «collector’s edition». Le parti pris consistant visiblement à ne pas exclure l’ADD mais à demeurer dans l’ère stéréophonique aurait pourtant permis par exemple de préférer Klemperer, Marriner ou Norrington à Tate dans les dernières symphonies, de même que les Berg aux Heutling dans les Quatuors.


Comme souvent dans ce genre d’entreprise, le meilleur voisine donc avec le tout-venant, voire avec le pire. Barenboim en fournit à lui seul la meilleure illustration tout au long des dix-huit disques où il apparaît tour à tour comme pianiste et comme chef. Ce sont d’abord de larges extraits de sa miraculeuse intégrale des Concertos (1967-1974), jubilatoire et opératique, intense et poétique comme au premier jour: rarement la diversité des climats de ce corpus aura été rendue avec autant d’évidence «mozartienne», le soliste entraînant avec lui un Orchestre de chambre anglais vivant et coloré. Ses autres contributions pianistiques – dix Sonates (1984-1985) et plus encore l’intégrale des Variations (1991) – se révèlent moins enthousiasmantes, mais il est vrai que ces pages n’atteignent pas toujours un niveau comparable à celui des concertos. Enfin, les deux opéras qu’il dirige (Noces de 1976 et Don Giovanni de 1973-1974) pâtissent non seulement des coupures susmentionnées mais aussi d’une baguette poussive et de distributions décevantes, où le Cherubino de Berganza ou la Zerlina de Donath se distinguent sans peine.


Le reste du coffret est à l’avenant, c’est-à-dire inégal. Jeffrey Tate et l’Orchestre de chambre anglais (1984-1993) convainquent dans les premières symphonies mais, à partir de la Trente-cinquième, le manque d’élan et la componction s’imposent de façon rédhibitoire: avec le respect de l’ensemble des reprises, la durée de certaines symphonies devient d’ailleurs déraisonnable (trente-quatre minutes pour la Trente-neuvième, trente-cinq minutes pour la Prague, trente-six minutes pour la Jupiter).


Quantitativement bien représentées, les pages concertantes le sont toutefois dans des versions lisses ou académiques qui ne se placent pas au même niveau que Barenboim dans les Concertos pour piano, y compris Oïstrakh et la Philharmonie de Berlin dans les Concertos pour violon (1970-1971). Hormis la Haffner dirigée par Menuhin (1962), les Sérénades et les Divertissements pour instruments à vent manquent de tonus, avec les bois pas toujours très agréables du Consortium classicum (1978-1985).


La musique de chambre fait hélas figure de parent pauvre: les Quatuors et Quintettes à cordes des Heutling (1966-1968) ne déméritent pas, mais demeurent trop ternes, sages, prudents et réservés; conjuguant verve et profondeur, le concert de Kagan et Richter, capté à la Grange de Meslay (1974) n’en contraste que de manière plus éblouissante, tout en suscitant, par sa brièveté, une grande frustration. Le récital de Barbara Hendricks et Maria Joao Pires (1990) mêle l’essentiel et l’accessoire, mais ce sont autant de délicates perles.


Aucune lacune dans la musique religieuse, mais des interprétations à l’ancienne – honnêtes, encore que vocalement parfois discutables – qui ont quelque peu vieilli dans leur aspect volontiers massif: Leppard dans la Messe en ut (1973), Jochum dans la Messe du Couronnement et les Vêpres solennelles d’un confesseur (1976), Frühbeck de Burgos dans le Requiem (1967).


Enfin, dans le domaine lyrique, L’Enlèvement au sérail de Krips (1966), par la finesse de la direction et la caractérisation idéale des différents rôles, l’emporte sans conteste sur les trois opéras de da Ponte: outre les insuffisances précédemment évoquées des Noces et de Don Giovanni, Haitink dirige un Cosi (1986) certes intégral mais pas extraordinairement pétillant. La conclusion de ces cinquante disques offre cependant une heureuse redécouverte: La Flûte enchantée de Sawallisch (1972), vocalement et orchestralement très léchée, servie par un plateau vocal exceptionnel (Moser, Schreier, Moll, Berry, Adam et même Fassbaender en troisième dame) et comprenant une rareté, un duo entre Tamino et Papageno au début du second acte.


Simple – une boîte cubique et des pochettes de papier – la présentation se veut néanmoins soignée, à l’image du découpage en plages, qui, sauf exception (un Exsultate, jubilate d’un seul tenant), descend jusqu’à un degré de détail inespéré: avec une plage par variation, le disque 35 atteint ainsi le nombre record de cinquante-quatre plages. La notice se réduit certes à la liste des œuvres et des interprètes, mais malgré une erreur de chronométrage des disques 12 à 15, ces quarante et une pages sont minutieusement réalisées: références précises à la dernière édition du catalogue Köchel, dates et lieux d’enregistrement, auteurs des cadences des concertos et nom des poètes mis en musique dans les lieder et mélodies. L’éditeur pousse même l’honnêteté jusqu’à signaler les coupures pratiquées dans les Noces et Don Giovanni


D’un niveau moyen satisfaisant, cette somme possède donc de quoi satisfaire différentes catégories de mélomanes, du débutant au plus chevronné. En tout état de cause, les Concertos pour piano par Barenboim, les récitals Kagan/Richter et Hendricks/Pires, L’Enlèvement de Krips et La Flûte de Sawallisch, soit quatorze disques pour 50 euros, suffiraient à eux seuls à en justifier l’acquisition.


Simon Corley

 

 

 

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