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Allumer le feu

Bruxelles
La Monnaie
04/19/2012 -  et 21, 24, 26, 28 avril, 2, 4, 6*, 9, 11 mai 2012
George Frideric Haendel : Orlando, HWV 31
Bejun Mehta (Orlando), Sophie Karthäuser (Angelica), Kristina Hammarström (Medoro), Sunhae Im (Dorinda), Konstantin Wolff (Zoroastro)
B’Rock, René Jacobs (direction)
Pierre Audi (mise en scène), Christof Hetzer (décors, costumes), Jean Kalman (éclairages), Michael Saxer (vidéo)




Pour cet Orlando (1733) de Haendel, la Monnaie recourt à quelques valeurs sûres. En l’absence d’action, Pierre Audi est bien obligé de creuser autant que possible la psychologie des personnages qui évoluent, selon lui, dans «un huis clos enflammé» : le héros, un pompier – Zoroastro en est un aussi mais plus haut gradé... – boute le feu à la maison de Dorinda, carbonisée dans le premier acte, en reconstruction dans le troisième. Le metteur scène développe l’idée que le deuxième acte, mis en quelque sorte entre parenthèses, représente le cauchemar d’Orlando mais la scénographie l’illustre insuffisamment. Les notes d’intention livrent quelques clés de lecture mais mieux vaut les lire avant d’assister à la représentation. La vidéo de Michael Saxer ne relève pas du cache-misère, comme cela arrive parfois dans les spectacles paresseux : elle s’intègre plutôt bien dans les décors de Christof Hetzer et apporte une dimension bienvenue à la lecture somme toute pertinente de Pierre Audi. Visuellement quelconque, contemporain mais peu original, trop concret alors que l’œuvre comporte sa part de magie, le spectacle se laisse regarder mais il ne comptera sans doute pas parmi ceux dont chacun se souviendra. L’intérêt réside ailleurs.



(© Bernd Uhlig)


Cinq chanteurs seulement, encore moins que dans Così fan tutte, autant dire que la moindre faiblesse se remarque immédiatement. La Monnaie place la barre très haut en recourant à des jeunes gloires. Le redoutable rôle-titre n’a manifestement plus de secret pour Bejun Mehta : timbre somptueux, ligne ouvragée, incarnation jusqu’au-boutiste encore que le contre-ténor évite de sombrer dans le grand-guignol dans les scènes de folie. Medoro bénéficie du mezzo idéal de Kristina Hammarström qui assure une prestation accomplie, sans manquement ni égarement de style, tandis que Dorinda trouve en Sunhae Im une soprano adorable dont le timbre savoureusement épicé contraste, et c’est heureux, avec celui de sa consœur belge. En pleine possession de ses moyens, Sophie Karthäuser, qui aborde Angelica pour la première fois, fait montre de l’élégance et du brillant dont elle est coutumière – cette belle artiste réalise décidément un remarquable parcours. Enfin, Konstantin Wolff chante Zoroastro avec gravité et droiture mais sa sobriété confine parfois à l’effacement.


Première apparition dans la fosse de la Monnaie d’un orchestre baroque belge fondé il y a sept ans à peine et qui porte un nom à consonance moderne jouant plaisamment sur les mots : B’Rock. Fin connaisseur du répertoire lyrique du XVIIIe siècle et valeur sûre par excellence, René Jacobs, qui n’avait jamais interprété cet ouvrage, insuffle de l’élan sans courir la poste et privilégie théâtralité et opulence. Afin d’aboutir à ce résultat, le chef opte assez librement pour un continuo enrichi d’une harpe, d’un archiluth, d’un théorbe et même d’un régale dans la scène de la folie du deuxième acte, alors que Haendel a conçu une instrumentation modeste et traditionnelle (ni timbales ni trompettes par exemple). Il se trouvera bien quelques puristes pour crier à l’imposture mais qu’importe, le résultat s’avère plutôt convaincant, surtout que ce jeune ensemble témoigne de beaucoup d’adresse et d’un solide sens collectif.


Le site de B’Rock



Sébastien Foucart

 

 

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