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Fêtes pascales en l’église Saint-Roch

Paris
Eglise Saint-Roch
05/15/2008 -  et 7 (Gent), 8 (Antwerpen), 9 (Bruxelles), 13 (Brugge), 14 (Le Mans), 16 (London) mai 2008
Jean-Sébastien Bach : Oratorio de Pâques, BWV 249 – Cantate «Also hat Gott die Welt geliebt», BWV 68 – Oratorio de l’Ascension, BWV 11

Dorothee Mields (soprano), Damien Guillon (alto), Jan Kobow (ténor), Stephan MacLeod (basse)
Collegium Vocale Gent, Philippe Herreweghe (direction)


Lorsque le programme affiche des œuvres de Bach dirigées par Philippe Herreweghe, on ne peut qu’avoir un a priori positif tant les réussites du chef flamand sont évidentes dans ce répertoire et, notamment, chez ce compositeur. Alors, on s’essaie à un petit jeu avec une certaine gourmandise: on traque la moindre imperfection, on guette l’anicroche, on anticipe l’éventuelle raideur dans l’interprétation… en pure perte tant celle-ci fut, ce soir, exceptionnelle de bout en bout.


Le concert débutait par l’Oratorio de Pâques. Cantate originellement profane composée pour l’anniversaire du duc Christian de Saxe-Weissenfels, elle fut créée en février 1725. Exécutée dans un contexte liturgique dès le mois d’avril 1725 (à l’occasion des fêtes de Pâques), l’œuvre, qui n’adopta définitivement son statut d’oratorio qu’en 1735, fut remaniée par Bach à plusieurs reprises dans les années 1730, en 1740, en 1743 et enfin en 1746. Les deux morceaux introductifs (une sinfonia et un adagio) sont purement instrumentaux: alors que le premier se veut brillant, dominé par l’intervention de trois trompettes, le second plonge l’auditeur dans une douce méditation portée par un hautbois. L’orchestre du Collegium Vocale fait immédiatement montre d’une présence et d’une perfection qui ne peuvent que susciter l’admiration, mention spéciale devant être faite à Marcel Ponseele, hautbois solo de l’orchestre, toujours aussi irréprochable. Après une première intervention du chœur, la soprano déclame un air splendide pour rappeler à l’auditeur que le Christ n’a pas besoin d’être oint d’aromates puisqu’il a vaincu la mort, seul le laurier pouvant désormais le couronner («Seele, deine Spezereinen»). D’une délicatesse absolue, Dorothee Mields incarne une fragile Marie Jacobi, accompagnée de façon extrêmement touchante par la flûte traversière de Patrick Beuckels. Bach fait ensuite appel à deux flûtes à bec pour accompagner l’air du ténor, incarnant Pierre. Le contraste entre les accents dramatiques de la basse continue et la légèreté des flûtes offre un écrin de choix à Jan Kobow qui, handicapé par une diction peu claire, s’avère néanmoins un peu en deçà des trois autres solistes vocaux. En revanche, l’alto Damien Guillon fut d’une grande justesse, exprimant parfaitement la joie ressentie par les fidèles à l’annonce de la résurrection du Christ («Wir sind erfreut»). Philippe Herreweghe, guidant avec une grande économie de gestes un orchestre et un chœur exceptionnels, s’avère ici, comme dans toutes les autres interventions vocales, un accompagnateur de choix attentif aux moindres détails, concluant l’oratorio dans un chœur jubilatoire.


Après un bref entracte, les interprètes de cette soirée donnèrent la Cantate BWV 68 «Also hat Gott die Welt geliebt». Composée pour le deuxième jour de la Pentecôte, elle est parfaitement contemporaine de l’Oratorio de Pâques puisqu’elle fut créée en mai 1725, à Leipzig. Courte (deux arias, deux interventions chorales, un récitatif), elle s’ouvre par un chœur splendide alternant les modes mineur et majeur de façon extrêmement séduisante. L’air chanté par Dorothee Mields fait partie des mélodies les plus populaires de Bach: l’atmosphère insouciante (bucolique pourrait-on presque dire) dans laquelle se glisse le violoncelle solo d’Ageet Zweistra, thème ensuite repris par le violon et le hautbois, apparaît totalement originale sans, naturellement, être pour autant hors de propos. L’intervention de Stephan MacLeod est empreinte d’une grande générosité: la voix ample de la basse, accompagnée de deux hautbois et du rare hautbois da caccia, traduit justement l’attente pleine d’espoir portée envers le Christ («Du bist geboren mir zugute»).


L’Oratorio de l’Ascension concluait le concert. Comme dans ses deux autres oratorios, Bach avait initialement composé une œuvre profane qui, de fil en aiguille, est devenue sacrée. Créée en mai 1735, cette œuvre, qui puise notamment dans deux cantates respectivement composées en 1725 et 1732, est un récit classique qui confie à un évangéliste la narration de l’Ascension du Christ. S’ouvrant de manière festive, l’oratorio fait intervenir une grande diversité d’instruments (trois trompettes, deux hautbois, deux flûtes traversières) qui donnent au chœur introductif un côté brillant, que préserve fort heureusement la faible réverbération de l’Eglise Saint-Roch. Damien Guillon fait de nouveau preuve de ses remarquables talents dans son aria «Ach, bleibe doch, mein liebstes Leben», exprimant avec retenue la douleur qu’il éprouve à voir le Christ quitter le monde réel. L’air, qui n’est pas sans rappeler le chœur conclusif de la presque contemporaine Passion selon saint Matthieu (la version définitive datant en effet de 1736) précède un dernier aria confié à la soprano. Dans le dialogue qu’elle instaure avec les vents (flûtes et hautbois), la voix de Dorothee Mields se révèle à nouveau miraculeuse de poésie et de délicatesse. Quant à Philippe Herreweghe, insufflant une énergie constante aux forces en présence, n’intervenant qu’à bon escient, il dirige avec maestria cette œuvre qui, comme celle de la première partie, se termine par un chœur glorieux, d’ailleurs bissé sur l’insistance du public.


Le site du Collegium Vocale de Gand



Sébastien Gauthier

 

 

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