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Boulevard du crime

Paris
Théâtre des Champs Elysées
05/24/2000 -  et 26, 28 mai 2000
Georg Friedrich Haendel : Agrippina
Anna Caterina Antonacci (Agrippina), Laurenzo Regazzo (Claudio), Rosemary Joshua (Poppea), Lawrence Zazzo (Ottone), Malena Ernman (Nerone)
Concerto Köln, René Jacobs (direction)
David Mc Vicar (mise en scène)

Etrange chef d’oeuvre que cette Agrippine, premier grand opéra haendélien où le compositeur, plutôt que l’ébauche, semble parfois offrir la parodie de ses schémas ultérieurs. Achevé sur le rire tendre de Serse, son parcours opératique s’ouvrait donc sur celui, sarcastique, de cette comédie noire admirablement troussée, où pouvoir et érotisme se déclinent avec un art consommé au travers d’airs concis à la forme souvent très libre et de brefs ensembles directement hérités du style vénitien. Il n’est pas surprenant que René Jacobs paraisse aussi à l’aise dans cette partition, où sa vitalité nerveuse, l’envol de ses attaque et les chatoyantes couleur de son merveilleux orchestre font constamment mouche. Si les problèmes d’intonation des instruments transpositeurs s’oublient volontiers, on s’inquiète davantage en revanche de la tendance de plus en plus marquée du chef à ignorer la respiration de ses chanteurs (l’absence totale de rubato dans les da capo ne gêne pas seulement l’ornementation, elle est source de dangereux décalage). D’autant que sur le strict plan vocal, la distribution n’offre qu’une performance marquante, mais quelle ! Avec sa projection royale, la richesse de ses harmoniques dans le médium, la diction frémissante dans le récitatif (un peu moins nette dans la partie haute de la tessiture), ce don de soi transcendant qui fait passer outre des vocalises un rien laborieuse, l’Agrippine d’Antonacci donnerait déjà le frisson sans l’image. Les autres assurent san sautant marquer la mémoire (Zazzo commence très mal mais s’impose finalement, Visse reste impayable, Joshua a pour elle son joli timbre pur mais monochrome, et reste tellement limitée dans les passages de virtuosité qu’elle peine à s’affirmer comme une rivale crédible). Tous en revanche sont parfaits scéniquement, et si la lionne Antonacci domine à nouveau d’une tête, Poppée compose une irrésistible fine mouche, les hommes sont hilarants dans leur rôle de pantins militaires, et le Néron de Malena Ernman troublant de vérité dans son rôle de prince William tête à claques. Il faut rendre grâce sans doute à David Mac Vicar, qui sur des concepts à la Sellars éprouvés (Défilé de mode, caméras télé et rails de coke) déploie une direction d’acteurs formidablement travaillée et parfaitement en phase avec la construction musicale (de vraies variations théâtrales pour les da capo) et signe dans cet ouvrage où la sentimentalité et le sublime n’ont que peu de place un spectacle férocement jubilatoire.



Vincent Agrech

 

 

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