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11/15/2013
Franz Schubert : Symphonies n° 6 en ut majeur, D. 589, et n° 8 en si mineur, D. 759, «Inachevée»
Radio-Sinfonieorchester Stuttgart des SWR, Sir Roger Norrington (direction)
Enregistré dans les studios de la SWR, Stuttgart (9-11 novembre 2011) – 59’12
Hänssler Classic 93.298 – Notice bilingue (allemand et anglais) de Detmar Huchting





Franz Schubert : Symphonies n° 8 en si mineur, D. 759, « Inachevée » (réalisation William Caragan), et n° 9 en ut majeur, D. 944
Philharmonie Festiva, Gerd Schaller (direction)
Enregistré en concert dans la salle Max Littmann du Regentenbau Bad Kissingen (5 juin [Neuvième] et 30 octobre [Huitième] 2011) – 93’03
Album de deux disques Profil Hänssler PH 12062 – Notice bilingue (allemand et anglais) d’Andrea Braun





Franz Schubert : Symphonies n° 6 en ut majeur, D. 589 – Rosamunde, musique de scène, D. 797 (extraits)
Svenska Kammarorkestern, Thomas Dausgaard (direction)
Enregistré dans la salle de concert d’Orebro (février 2012) – 62’46
SACD Bis 1987 – Notice trilingue (anglais, allemand et français) de Horst A. Scholz





Les Symphonies de Schubert ont véritablement le vent en poupe! Même si elles font partie des œuvres assez fréquemment enregistrées, les versions aussi bien sur instruments modernes (sous la direction de Lorin Maazel) que sur instruments d’époque ou, en tout cas, dans une optique plus historique (on se reportera là à la récente confrontation entre Jos van Immerseel, Philippe Herreweghe et Marc Minkowski) fleurissent véritablement au cours de ces derniers mois. Voici donc venu le tour, dans la lignée du second courant bien évidemment, de Sir Roger Norrington à la tête de l’Orchestre de la Radio du SWR (Südwestrundfunk); le chef britannique ayant déjà gravé avec lui les Quatrième et Cinquième.


On connaît les excès, parfois déplorables, dont Norrington est capable au nom de la recherche d’une certaine authenticité interprétative. En l’espèce, la fraîcheur avec laquelle il aborde ces deux œuvres est extrêmement convaincante et leur rend pleinement justice. Même si le Più lento du troisième mouvement est sans doute trop lourd, le reste de la Sixième Symphonie est interprété avec une justesse toute naturelle, de telle sorte qu’on ne se pose notamment jamais la question du tempo tant celui-ci est évident. Le jeu entre les bois, si important chez Schubert, est parfaitement exécuté et la frivolité de certains passages n’obère en rien leur lyrisme, notamment dans le deuxième mouvement (Andante). Quant au dernier mouvement, qui était pris trop rapidement chez Maazel, il est ici très bien fait, même si l’on aurait pu préférer qu’il soit pris un tant soit peu plus rapidement: une très belle version néanmoins aux côtés des références signées notamment Claudio Abbado (avec l’Orchestre de chambre d’Europe), Riccardo Muti (en concert avec le Philharmonique de Vienne), Günter Wand (avec l’Orchestre de la NDR) et Philippe Herreweghe (dans la référence susvisée).


Quant à l’Inachevée, elle trouve elle aussi avec Sir Roger Norrington un interprète de choix qui, sans pour autant distiller toute l’émotion et l’emphase que l’on aime trouver dans cette œuvre, en donne une belle interprétation. Les couleurs sont très bien rendues par un Orchestre de la Radio de la SWR d’excellente qualité (les cors au début du second mouvement, les bois dans le premier...). Le discours bénéficie d’une belle progression et, en dépit de la sécheresse de l’Andante con moto, séduit de la première à la dernière note.


Restons maintenant chez le même éditeur pour deux nouvelles symphonies, en l’occurrence les Huitième et Neuvième. Pourquoi parler de «nouvelle symphonie» alors que la Huitième figure déjà dans le précédent disque dirigé par Norrington? Tout simplement parce que la présente version n’est pas celle en deux mouvements que l’on connaît habituellement mais une réalisation en quatre mouvements, la version classique ayant été en l’occurrence complétée par les soins du musicologue William Carragan, plutôt connu pour avoir complété ou revu les éditions des symphonies de Bruckner. Celui-ci a ainsi choisi de terminer le troisième mouvement, un Scherzo, en se fondant sur ce qu’avait déjà écrit Schubert et sur ce qu’il avait par ailleurs seulement esquissé. Quant au quatrième mouvement, il a estimé que, Schubert étant alors en pleine composition de la musique de scène Rosamunde, certains mouvements (le «Chœur des Esprits» et la «Musique de ballet») pouvant faire office de mouvement conclusif, Carragan y ayant en outre ajouté quelques mesures de sa propre main...


Disons-le tout de suite: le résultat ne convainc à aucun moment. Disons-le tout aussi nettement: en quoi était-il utile ou, même, tout simplement intéressant de compléter cette splendide Huitième dont toute une partie du charme vient justement de ce caractère inachevé (que mentionne d’ailleurs la notice alors que l’on écoute là une version a priori terminée, à moins que d’autres mouvements ne viennent suivre un jour...)? On est plus que circonspect en écoutant ce premier disque qui, certes, n’est pas mauvais en soi (encore que quelques accents donnés ici ou là nuisent à la continuité des phrases et de la mélodie) mais qui manque d’ampleur et de conviction.


La Neuvième est techniquement d’un meilleur niveau, l’orchestre semble s’y donner davantage, bénéficiant de couleurs plutôt flatteuses. Néanmoins, l’interprétation qu’en donne Gerd Schaller souffre de plusieurs brusqueries (la fin du premier mouvement) et d’une déplorable sécheresse (le deuxième). On est bien loin des versions de référence...


Plutôt réputé pour sa connaissance du répertoire scandinave (à commencer par Sibelius et Nielsen), Thomas Dausgaard livre ici son deuxième disque Schubert à la tête de l’Orchestre de chambre de Suède (le premier, déjà édité chez Bis ayant été consacré aux Huitième et Neuvième Symphonies). Voilà sans aucun doute une Sixième qui chante! Après une introduction du premier mouvement prise assez rapidement, la mélodie schubertienne s’épanouit pleinement, servie par une clarté et une légèreté orchestrales de tout premier plan. Jouant avec jubilation sur les contrastes de nuances et de pupitres (les jeux de questions-réponses entre les cordes et les vents), le chef danois nous emporte, démontrant également sa pleine capacité à faire naître l’émotion dans un deuxième mouvement tout en finesse. Après un convaincant Scherzo, chef et musiciens concluent en beauté avec un délicieux quatrième mouvement mais qui a néanmoins tendance à trop cavaler, témoignant au passage de l’excellence technique de l’orchestre.


Quant aux extraits de Rosamunde, ils témoignent de nouveau des affinités entre cette musique et ses interprètes, Dausgaard conduisant l’ensemble avec un sens affirmé de la progression dramatique (Premier Entracte) ou de la rêverie (Troisième Entracte). Pour ce dernier extrait, on lui préfèrera néanmoins Abbado avec l’Orchestre de chambre d’Europe (Deutsche Grammophon), encore plus lyrique, mais voilà un rude concurrent. Quel dommage qu’il n’ait pas choisi là d’enregistrer l’intégrale de la musique de scène!


Le site de l’Orchestre de la SWR de Stuttgart
Le site de Gerd Schaller
Le site de Thomas Dausgaard
Le site de l’Orchestre de chambre de Suède


Sébastien Gauthier

 

 

 

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