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05/07/2024
« Next Generation Mozart Soloists » vol.9
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie concertante pour violon et alto en mi bémol majeur, K. 320d [364] [1] – Concerto pour cor n° 2 en mi bémol majeur, K. 417 [2] – Rondos pour piano et orchestre en ré  majeur, K. 382, et en la majeur, K. 386 (cadence Lanyi) [3]

Alexandre Zanetta (cor), Johan Dalene (violon), Eivind Ringstad (alto), Ariel Lanyi (piano), Mozarteumorchester Salzburg, Howard Griffiths (direction)
Enregistré au Kulturforum Odeïon (août 2021 [2]) et à la Angela Ferstl Saal (septembre 2022 [1] et juin 2023 [3]), Salzbourg – 62’29
Alpha 1051 (distribué par Outhere)





Toujours soutenue par la fondation suisse Orpheum, la série « Next Generation Mozart Soloists » progresse rapidement à l’initiative de l’éditeur Alpha, comme en témoigne la publication de ce neuvième volume. Et une nouvelle fois, c’est sous la baguette inspirée de Howard Griffiths qu’est ici rassemblée une équipe de jeunes solistes venus d’horizons divers (violoniste et altiste norvégiens, corniste français, pianiste israélien) pour un programme témoignant de diverses facettes de l’inspiration mozartienne.


L’affinité du chef britannique avec la musique de Mozart est à nouveau évidente à l’écoute des quatre œuvres de ce disque : pour chacune d’entre elles, Griffiths trouve instinctivement un juste tempo et fait chanter l’Orchestre du Mozarteum de Salzburg avec naturel. S’il ne s’agit pas là du meilleur des orchestres de chambre (on notera des pupitres de bois un peu verts en particulier), cette formation, menée avec une telle sûreté de style, offre un accompagnement des plus idoines, à mi‑chemin des orchestres symphoniques traditionnels, parfois empesés dans Mozart, et des orchestres « historiquement informés », dont certains peuvent sonner de manière agressive et confondre vitesse et précipitation.


Ainsi Howard Griffiths rend‑il pleinement justice à la richesse inouïe de l’ouverture orchestrale de la Symphonie concertante K. 364, l’un des sommets de l’œuvre de Mozart et la pierre angulaire de ce disque. Le violon (Stradivarius « Spencer Dike », 1736) de Johan Dalene fait son entrée avec assurance au sein de ce tissu sonore miraculeux, et frappe immédiatement par la plénitude de sa sonorité. Néanmoins, il fait entendre tout au long des trois mouvements de l’œuvre une certaine préciosité dans ses phrasés et une trop grande recherche de son intonation, qui altère parfois la simplicité de la grâce mozartienne. Sans doute s’agit‑il d’un péché de jeunesse, qu’on pardonne bien volontiers à ce brillant musicien tout juste âgé de 23 ans. Par contraste, l’alto (Guarnerius « Conte Vitale », 1676) de son partenaire Eivind Ringstad (29 ans), malgré sa belle teinte assombrie, peut paraître prosaïque dans le grandiose Allegro maestoso initial. Ce décalage entre les deux solistes ne tient qu’en partie à la nature respective de leurs deux instruments, et ne se ressent pas chez les plus grands interprètes de la Symphonie concertante. Habitués à se produire ensemble dans cette œuvre, et grâce à leur impressionnante virtuosité à tous deux, Dalene et Ringstad rendent pourtant bien l’élan et la grandeur de ce premier mouvement. Ils semblent en outre se trouver de plus en plus en phase au fil du dialogue impressionnant du deuxième mouvement (merveilleux Andante !) et s’abandonner à sa beauté déchirante en dépouillant cette fois leur jeu de toute afféterie. Cette réelle complicité est également manifeste dans le Presto final, où la maîtrise instrumentale des deux jeunes musiciens fait merveille, même si Johan Dalene, qui est déjà un très grand violoniste, semble prendre le dessus dans cette joute virevoltante.


Le reste du programme ne nous conduit pas sur les mêmes cimes, mais la faute en incombe moins aux interprètes qu’aux œuvres elles-mêmes. Le Deuxième Concerto pour cor n’est certainement pas désagréable, mais ne possède ni la majesté, ni la profondeur de la Symphonie concertante, avec son premier mouvement placide et la romance un peu pataude de son Andante. Alexandre Zanetta fait de son mieux pour l’animer, mais c’est le Rondo final, où l’on retrouve un esprit proprement mozartien, plein de surprises et d’humour capricieux, qui lui permet de montrer toute la qualité de son jeu.


De même, on peut regretter que seuls les deux Rondos pour piano et orchestre aient été confiés au pianiste israélien Ariel Lanyi, dont le jeu élégant et perlé, sur un Bösendorfer VC 280, aurait pu être employé dans l’un des grands concertos. Rarement joué, le Rondo en la majeur est une sorte de fantaisie pour piano et orchestre aux humeurs versatiles, que le soliste termine avec une cadence de sa composition qui montre son intelligence du style mozartien. Composé en 1782 pour remplacer le final du Cinquième Concerto écrit huit ans plus tôt, le Rondo K. 382 est une suite de variations enjouées, qui, comme certaines séries de variations pour piano seul, témoigne de l’habileté de Mozart dans cet exercice très prisé du public de son temps. Il n’a cependant pas la perfection formelle des variations de la Sonate pour piano K. 331, ni la poésie indicible de celles de la Sonate pour piano et violon K. 379, et moins encore la puissance dramatique de celles du Quatuor K. 421, malgré l’engagement qu’y met Ariel Lanyi. Ce qui nous amène, en fin de compte, à nous interroger sur la cohérence de l’ensemble du disque, voire sur le principe même de cette intégrale des œuvres concertantes de Mozart, qui inévitablement, conduit à juxtaposer les plus grands chefs‑d’œuvre avec des pages beaucoup plus anecdotiques.


François Anselmini

 

 

 

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