About us / Contact

The Classical Music Network

Vienna

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Disneyland

Vienna
Konzerthaus
05/08/2024 -  
Gabriel Fauré : Pavane, opus 50
Robert Schumann : Kreisleriana, opus 16
Frédéric Chopin: Mazurkas, opus 7 n° 3, opus 17 n° 1, n° 2 & n° 4, opus 24 n° 2 et n° 4, opus 30 n° 3 et n° 4, opus 33 n° 2, n° 3 & n° 4 et opus 59 n° 3 – Polonaise n° 5, opus 44

Lang Lang (piano)


L. Lang (© Stephan Polzer)


Malgré un prix de billet démultiplié (plus de 200 euros pour les sièges les mieux placés), malgré un abondant déploiement de chaises couvrant toute surface habituellement libre, salle et scène comprise, rien n’y fait : le grand auditorium du Konzerthaus est rempli de fond en comble, rassemblant dans un chaos joyeux et bigarré un public mêlant dignitaires officiels et auditeurs peu familiers des salles de concerts classique. La visite d’un interprète chinois est toujours prétexte pour l’Empire du milieu de mettre en exergue le patriotisme de la communauté locale ; cette fois‑ci, les services culturels n’auront probablement pas eu besoin ni de solliciter par messagerie la diaspora ni de brader les billets pour garnir les rangs.


Nous n’attendions certes pas Lang Lang livrer un récital d’austérité et de retenue ; rien ne nous préparait cependant à ce grand spectacle populaire extravagant et narcissique. On y entend principalement du très beau piano, des timbres soyeux, des dynamiques en technicolor – au point que l’œuvre et le compositeur passent au dernier plan. Les mélodies de pavane de Fauré prennent ainsi une tournure pop ; les pièces de Schumann déconcertent, paraissant comme passées au miroir déformant, perdues entre méandres contemplatifs et cavalcades débridées ; on s’en tire globalement bien mieux dans les mazurkas, grâce l’assise rythmique qui maintient l’interprète dans les rails de la partition. Parfois, lorsque l’espièglerie naturelle et les trouvailles ludiques de Lang Lang entrent en résonnance avec l’esprit de l’œuvre, de véritables réussites surgissent.


Liszt, Paderewski, Stokowski... Lang Lang n’est pas le premier à savoir user de ses dons artistiques pour engendrer une saisissante hystérie collective. L’artiste chinois reste par ailleurs trop bon musicien pour tomber dans le panneau du véritable mauvais goût ou de la caricature, même si sa complaisance pour les recherches d’effets visuels et auditifs divisera les opinions, émerveillant certains, irritant d’autres.


L’impression persiste que dans ce récital, Lang Lang se sert plus de la musique qu’il ne la sert, qu’il joue avec le piano plus qu’il n’en joue. Reconnaissons‑lui en définitive un sens aigu de la perception du public, depuis une entrée en scène qui l’entraîne à arpenter la scène de long en large, distillant de longues salutations papales, jusqu’à la dernière note qui déclenche une standing ovation instantanée, produisant un récital parfaitement calibré à la taille de la salle et aux attentes de son public, mais pas forcément destiné aux mélomanes avertis ou à la presse spécialisée.



Dimitri Finker

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com