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Un ténor généreux à la voix récalcitrante

Liège
Opéra royal de Wallonie
04/28/2024 -  
Gaetano Donizetti : Anna Bolena : Sinfonia & « Chi può vederla »
Riccardo Zandonai : Giulietta e Romeo : « Giulietta! Son io! »
Gioachino Rossini : Semiramide : « Bel raggio lusinghiere »
Giacomo Puccini : Manon Lescaut : Intermezzo – Gianni Schicchi : « O mio babbino caro » – Tosca : « E lucevan le stelle »
Francesco Cilea : Arlesiana : « Il lamento di Federico »
Umberto Giordano : Andrea Chénier : « O Pastorelle, addio » – Fedora : Intermezzo
Ruggero Leoncavallo : Pagliacci : « Vesti la giubba »
Gerónimo Giménez : La boda de Luis Alonso : Intermedio
Giuseppe Verdi : La traviata : « Noi siamo zingarelle » – Macbeth : « Che faceste? Dite su! » – I vespri siciliani : « Mercè, dilette amiche »
Astor Piazzolla : Milonga del trovador
Jacques Offenbach  : Robinson Crusoé : « Conduisez‑moi vers celui que j’adore »
Carlos Gardel/Alfredo Le Pera : Por una cabeza
Reveriano Soutullo/Juan Vert : La leyenda del beso : Intermedio
Federico Moreno Torroba : Maravilla : « Adiós, dijiste »
Pablo Sorozábal : La Tabernera del puerto : « No puede ser »

Marcelo Alvarez (ténor), Maria Aleida (soprano)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie-Liège, Denis Segond (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie‑Liège, Leonardo Sini (direction)


L. Sini, M. Alvarez (© ORW-Liège/Jonathan Berger)


Marcelo Alvarez chante avec l’Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie ce dimanche après‑midi. Le nom et la photographie de ce chanteur désormais sexagénaire apparaissent en évidence sur les affiches et sur la couverture du programme mais la soprano Maria Aleida chante tout de même quatre airs (Rossini, Puccini, Offenbach, Verdi), soit deux fois moins que le ténor, mais jamais ensemble, ce qui déçoit franchement. L’orchestre joue aussi quelques morceaux purement instrumentaux et même les dames des chœurs apparaissent quatre fois (Donizetti, Giordano, Verdi à deux reprises).


Relativement copieux, le programme présente un certain intérêt  : il comporte des extraits d’œuvres rarement montées, de Zandonai, de Cilea, par exemple, mais aussi, en seconde partie, de musiciens espagnols – Giménez, Soutullo, Torroba, Sorozábal – et même de deux icônes sud‑américaines – Astor Piazzolla et Carlos Gardel. Il ne nous déplairait d’ailleurs pas d’entendre, à Liège, une zarzuela, pour changer d’un énième Verdi ou d’un énième Mozart – La Traviata et Les Noces de Figaro figureront à l’affiche la saison prochaine. Cependant, cet air d’un opéra‑comique d’Offenbach nous paraît totalement incongru, surtout placé entre Piazzolla et Gardel.


Partenaire régulier depuis plus de dix ans d’Andrea Bocelli, Maria Aleida n’en demeure pas moins une chanteuse au solide métier et au style sûr. Dans les différents airs, la soprano révèle une voix légère et agile, aux vives couleurs et aux puissants aigus. Malgré un premier air, « O mio babbino caro », trop quelconque, sa prestation affiche, dans l’ensemble, suffisamment de tenue et de relief. Sans constituer un modèle d’expression vériste, la prestation de Marcelo Alvarez, dans la première partie, attire immédiatement l’attention par son intensité et sa générosité, en dépit d’une tessiture plutôt centrale et d’un timbre quelque peu décoloré. Le ténor, dont les apparitions frôlent l’histrionisme, rayonne d’énergie mais il laisse par moments transparaître une légère fébrilité, voire un peu de nervosité, probablement en raison d’une voix avec laquelle il semble lutter, soit parce qu’elle ne répond plus aussi bien qu’auparavant, soit parce qu’elle porte les traces d’un refroidissement passé. Il finira d’ailleurs par s’en excuser. En seconde partie, dans les airs en espagnol, le ténor suscite sans peine une certaine émotion. Sa générosité et son authenticité ne laissent aucune place au doute.


Le ténor affiche une complicité de circonstance, mais de bon aloi, avec le public et avec le chef, Leonardo Sini. A propos de ce dernier, dans ce genre de concert, personne n’attend du maestro une interprétation approfondie et personnelle des œuvres sélectionnées, mais plutôt un accompagnement soigné des chanteurs, sans ravir la vedette à ces derniers, tout en exploitant au mieux le potentiel de l’orchestre, et cela est bien le cas. L’exécution des ouvertures et des autres intermèdes, de Donizetti, Puccini, Giordano, Giménez et Soutullo, témoigne d’un travail suffisamment rigoureux. Le chef et les musiciens s’emploient d’ailleurs à restituer les couleurs propres à la musique espagnole. Il sera donc intéressant de retrouver Leonardo Sini pour Carmen en juin. Les choristes se présentent fort correctement préparés, contribuant aussi à la bonne tenue générale du concert. Marcelo Alvarez et Maria Aleida remercient le public avec un air chacun, Por una cabeza de Carlos Gardel et Il bacio de Luigi Arditi. Pour finir, le programme, distribué gratuitement, comporte une brève présentation de chaque pièce, un effort qui mérite d’être souligné.


Une après‑midi plaisante, mais il existe des ténors plus jeunes qui apprécieraient sans doute de chanter dans un tel concert afin de mieux se faire connaître.



Sébastien Foucart

 

 

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