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Des interprètes de grande classe

München
Isarphilharmonie
04/26/2024 -  et 27* avril 2024
Witold Lutoslawski : Concerto pour violoncelle
Antonín Dvorák : Symphonie n° 7, opus 70, B. 141

Sol Gabetta (violoncelle)
Münchner Philharmoniker, Krzysztof Urbanski (direction)


S. Gabetta, K. Urbanski (© Tobias Hase)


Le concert prend place dans la salle provisoire appelée Isarphilharmonie, où l’Orchestre philharmonique de Munich est en résidence depuis son ouverture en 2021, et ce jusqu’en 2027, date de la réouverture du centre culturel de Gasteig (actuellement en rénovation). La salle entièrement moderne, de 1 900 places, est attenante à une ancienne usine, qui héberge une bibliothèque municipale, autant qu’elle sert de foyer pour les concerts. Un buste de Sergiu Celibidache accueille les spectateurs pour faire la jonction entre les deux espaces, rappelant le long mandat du chef roumain (1979‑1996), à même de donner une renommée internationale à la formation.


La soirée débute avec le Concerto pour violoncelle (1970) de Witold Lutoslawski, l’un de ses ouvrages les plus fameux, qui a trouvé une place immédiatement prépondérante grâce à son dédicataire et infatigable défenseur Mstislav Rostropovitch, mais aussi par son contexte alors tragique, entre souffrances personnelles (décès de la mère du compositeur) et troubles politiques explosifs en Pologne. Le début minimaliste et sombre, confié au violoncelle solo, fait entendre une seule note reprise en scansion, qui revient tout du long comme un écho sinistre. L’atmosphère oppressante et lancinante est brutalement interrompue par les appels dissonants des trompettes, avec les cordes en pizzicati : de quoi lancer le discours d’ensemble, qui met en valeur une palette subtile de sonorités, admirablement étagées par le chef Krzysztof Urbanski. La partition n’évite pas un aspect séquentiel, mais reste toujours passionnante par son inventivité et ses traits de détail inattendus. Lorsqu’une mélodie toute d’hésitation tonale vient à émerger aux cordes, le compositeur la pare de glissandi aussi inquiétants les uns que les autres, évoquant certaines musiques de film d’horreur. La direction précise d’Urbanski est un régal dans ce contexte, en identifiant l’expression par blocs, menant à des tutti d’une force émotionnelle irrespirable. Sol Gabetta est d’emblée au diapason, en un mélange de finesse d’expression dans les piani et de virtuosité toujours maîtrisée dans les parties plus emphatiques. En bis, elle interprète avec trois violoncellistes du rang Le Chant des oiseaux catalan jadis popularisé par Pablo Casals.


Après l’entracte, Krzysztof Urbanski abandonne toute partition pour embrasser de ses gestes spectaculaires et de son énergie, les moindres détails de la Septième Symphonie (1885) de Dvorák : ses tutti très articulés, parfois massifs dans les oppositions entre pupitres, trouvent une urgence bienvenue dans les attaques dramatiques et volontairement sèches. Un élan plus brahmsien s’épanouit dans les passages lyriques, aux transitions fluides, qui conduisent naturellement à l’expressivité mélodique de l’Adagio, avec flûte et hautbois en avant. Quelques nuages viennent obscurcir l’horizon dans les graves, mais Urbanski garde toujours l’équilibre entre valorisation analytique et conduite du discours d’ensemble, notamment à la fin du mouvement, délicatement murmurée aux cordes. La volonté d’allégement est plus encore perceptible pour apporter une élégance féline au Scherzo, même si la fin du Trio manque de mystère. Le Finale, structuré dans l’élaboration virtuose de ses verticalités entremêlées, convient bien au chef polonais, qui met en avant le discours principal conduit par les cordes, avant la péroraison finale toute de majesté contenue.



Florent Coudeyrat

 

 

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