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Soirée riche mais inégale

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/04/2024 -  et 26 (Rotterdam), 28 (Baden‑Baden) avril, 1er (Dortmund), 4 (Paris) mai 2024
Richard Wagner : Die Walküre
Stanislas de Barbeyrac (Siegmund), Soloman Howard (Hunding), Brian Mulligan (Wotan), Elza van den Heever (Sieglinde), Tamara Wilson (Brünnhilde), Karen Cargill (Fricka), Brittany Olivia Logan (Gerhilde), Jystina Bluj (Ortlinde), Iris van Wijnen (Waltraute), Anna Kissjudit (Schwertleite), Jessica Faselt (Helmwige), Maria Barakova (Siegrune), Ronnita Miller (Grimgerde), Catriona Morison (Rossweisse)
Rotterdams Philharmonisch Orkest, Yannick Nézet‑Séguin (direction)


Y. Nézet‑Séguin (© Jean‑Philippe Raibaud)


Deux ans après un Or du Rhin plutôt enthousiasmant, Yannick Nézet‑Séguin revient au Théâtre des Champs‑Elysées, après Rotterdam, Baden‑Baden et Dortmund, avec une Walkyrie d’un niveau global plutôt bon mais assez inégale dans les détails de sa réalisation.


Pour la seconde fois en une semaine, après le récital de Yundi Li, le théâtre de l’avenue Montaigne affichait complet, mais cette fois à 100 %, jusque dans les petites loges d’amphithéâtre où la visibilité est plus que réduite. Mais contrairement à celui du pianiste chinois, le public wagnérien était venu principalement pour écouter, avec l’endurance et la discipline que demande un concert de cinq heures, entractes compris.


Concert dont on est ressorti un peu sonné à la fois par le volume sonore, l’Orchestre philharmonique de Rotterdam au grand complet et placé sur scène laissant une empreinte sonore autre que quand dans les conditions de fosse de la représentation théâtrale. Et aussi car cette version de concert, malgré quelques faiblesses, fut assez riche en moments d’émotion.


Orchestre somptueux certes, et tenu avec beaucoup d’autorité par le chef québécois, très rodé au théâtre lyrique par ses fonctions de directeur musical du Metropolitan Opera de New York. Mais sujet aux péchés mignons de Yannick Nézet‑Séguin qui sont de parfois le faire sonner trop fort, ou de ralentir son allure quand il s’agit de ménager quelques effets. Ainsi le premier acte a commencé dans une lenteur seyant aux chanteurs mais ralentissant l’action. Et certains climax ou périodes de tension dramatiques tendaient trop à couvrir les solistes. Mais on reste admiratif devant la qualité des pupitres, vents et cuivres particulièrement, et de la cohésion de l’ensemble.


Inégalités aussi dans cette grande distribution de chanteurs jeunes, dont pour certains il s’agissait de prises de rôle et beaucoup chantent au Metropolitan Opera. On attendait bien entendu celle de Stanislas de Barbeyrac en Siegmund, des débuts qui augurent d’une belle nouvelle orientation du ténor vers le répertoire wagnérien. Il a chanté, souvent avec prudence, beaucoup d’intensité et de belles qualités vocales et phonétiques, le redoutable premier acte et réservé ses phrases les plus émouvantes pour le deuxième. Elza van den Heever, sa Sieglinde, a paru souvent en deçà de cette émotion et pas toujours dans la forme vocale qu’on lui connaît. L’un comme l’autre ont probablement besoin d’épanouir leurs rôles. Intéressante, l’intervention de l’Américain Solomon Howard, un Hunding sonore, plus macho que brutal.


La Brünnhilde de Tamara Wilson a impressionné d’emblée avec des « Hojotoho » impeccables, pour sembler ensuite un peu effacée avant de se rattraper au III dans une confrontation très intense avec Wotan. L’ensemble de ses huit sœurs était impressionnant de justesse et d’intensité dans la Chevauchée des Walkyries si attendue. Karen Cargill est une Fricka impressionnante de véhémence et d’abattage face au Wotan de Brian Mulligan, un peu timide et souvent brouillon dans sa diction mais qui, lui aussi, s’est finalement rattrapé dans ses Adieux.


La réalisation de la représentation pouvait paraître curieuse, hésitant entre une volonté d’unité, notamment dans les costumes, dont certains étaient cocasses, comme la réinterprétation de la cuirasse de Brünnhilde façon haute couture américaine ou le spencer porté à même la peau par ce très musculaire Hunding afro‑américain. Certains acteurs jouaient, d’autre optaient pour l’immobilité, comme Sieglinde et Siegmund dont le torride duo finale s’est conclu par une bien gentille accolade. C’est certainement Fricka qui a été la plus théâtrale et le meilleur revient au baiser posé par Wotan sur le front de sa fille Brünnhilde avant l’embrasement.


Le public a réservé un accueil triomphal à cette équipe à la fin de cette longue soirée dont, quoi qu’il ne soit pas annoncé, on espère entendre prochainement le prolongement.



Olivier Brunel

 

 

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